Forgé dans les affres de la captivité, Niamba Malafi, artiste pluridisciplinaire et directeur de l’espace culturel des Mwindeurs, transmute son expérience carcérale en un cri artistique poignant. Après un mois d’incarcération à Makala, aux côtés de cinq danseurs, il livre sur scène "Mort en exercice", une performance qui, au-delà de la simple narration, est une catharsis.
Les échos de "Mort en exercice" résonnent au-delà des murs de la prison. Après une première présentation remarquée, le 14 septembre, lors de la clôture de la Grande Rentrée Littéraire de Kinshasa, la performance a trouvé un écho particulier, une semaine plus tard, dans les quartiers populaires de N’djili, le 21 septembre ; puis à Brazzaville, où elle a été présentée le 5 octobre dernier.
“La prison, c'est un peu comme une mort en exercice”. Cette phrase, prononcée par Niamba Malafi dans une interview à ACTUALITE.CD, résume l'expérience paradoxale qu'il a vécue. Si l'incarcération a été une épreuve des plus dures, elle a aussi été le terreau fertile d'une création artistique intense. De la souffrance est née une œuvre, un testament de résilience.
Le succès de "Mort en exercice" ne s'est pas démenti à Brazzaville. Une marche théâtrale, partant de l'arrêt Dépôt et traversant le marché de Sadelmi, a mené le public jusqu'à l'espace culturel Gare Aux Pieds Nus. Cette performance itinérante, qui s'inscrivait dans le cadre de la résidence d'écriture "L'économie de l'ennui", a offert une expérience unique aux spectateurs.
Cette marche artistique a rassemblé une foule hétéroclite : enfants du quartier, commerçants, et même des volontaires français, attirés par l'originalité de cette proposition artistique et désireux de découvrir cette scène culturelle en marge.
L’arrestation et la libération de Malafi soulève la question de la liberté artistique en RDC. Lui-même, ayant déjà perdu foi en la justice. Pour lui, l’art est le meilleur moyen de se faire entendre et de dénoncer les injustices. Il compte poursuivre son combat pour la défense de la culture et des droits de l’artiste.
La présentation de "Mort en exercice" est toujours un moment fort pour la scène culturelle. Le spectacle permet de sensibiliser le public aux conditions de détention en RDC et à l’importance de défendre la liberté d’expression, notamment pour les artistes.
Kuzamba Mbuangu