La cheffe de la MONUSCO, Bintou Keita, a averti lundi devant le Conseil de sécurité de l'ONU que la paix en République démocratique du Congo (RDC) ne se construira pas uniquement à Luanda, en dépit des progrès réalisés dans le cadre de la médiation menée par l'Angola pour réduire les tensions entre la RDC et le Rwanda.
« Bien que la cessation des hostilités entre la RDC et le Rwanda, annoncée le 30 juillet, ait entraîné une baisse notable des combats, la paix ne pourra être atteinte sans des efforts concrets sur le terrain, notamment dans les provinces et communautés locales », a déclaré Mme Keita lors de son allocution trimestrielle.
D’après elle, le processus de Luanda, initié sous la médiation du président angolais João Lourenço, reste une opportunité cruciale pour la résolution des tensions, mais, selon la responsable onusienne, la paix durable en RDC nécessite aussi un investissement local. Elle a souligné l'importance d’établir des mécanismes de protection civile non armée, en particulier dans des régions comme le Sud-Kivu, où la MONUSCO soutient déjà des initiatives en ce sens.
Au niveau militaire, Mme Keita a indiqué que la MONUSCO continue d’assurer la protection des civils en Ituri et au Nord-Kivu, notamment autour de Goma et Sake, en collaboration avec les Forces armées de la RDC (FARDC). Cependant, les menaces persistantes des groupes armés, tels que l'ADF et le M23, compliquent la situation sécuritaire. Elle a révélé que le M23 a consolidé son contrôle sur les territoires de Masisi et Rutshuru, tirant environ 300 000 dollars par mois de l’exploitation illégale du coltan, ce qui « renforce les groupes armés et sape les efforts de paix ».
Mme Keita a appelé à des sanctions internationales contre ceux qui profitent de ce commerce illégal pour empêcher que la situation ne se détériore davantage.
Elle a également fait état des déplacements massifs de populations. Depuis le début de l’année, 2,4 millions de personnes ont été déplacées, vivant pour la plupart dans des conditions précaires. Le manque d’accès aux soins et l’exposition à des maladies comme le choléra et le Mpox ajoutent une couche supplémentaire de complexité à la crise humanitaire.
« La voie vers la paix est tracée, mais elle nécessite l’engagement de tous. Il n’y a pas d’alternative à une solution négociée pour mettre fin au conflit au Nord-Kivu », a conclu la cheffe de la MONUSCO, réaffirmant la détermination des Nations Unies à soutenir les efforts de paix et de stabilisation en RDC.