Kinshasa: renforcement des capacités de quinze magistrates sur l’avortement sécurisé

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Malgré l'adoption du Protocole de Maputo en 2018, l'accès aux soins d'avortement sécurisés reste limité en RDC  précise l'organisation non gouvernementale IPAS. 

Si l'article 14.2.c de ce protocole reconnaît le droit des femmes à l'avortement dans certaines circonstances, sa mise en œuvre bute sur de nombreux obstacles, notamment liés à des considérations religieuses, sociétales et à une méconnaissance du texte juridique.


Pour remédier à cette situation, l'ONG Ipas s'est engagée à renforcer les compétences des acteurs judiciaires. En collaborant avec le Conseil supérieur de la magistrature et des associations d'avocats, elle ambitionne de doter les juges, les magistrats et les auxiliaires de justice d'une meilleure compréhension du Protocole de Maputo et de ses implications pratiques.


C'est dans ce cadre, qu'une session de formation a été organisée du 19 au 20 septembre 2024 à Kinshasa pour sensibiliser 15 magistrates, membres de l'association des femmes magistrates du Congo (AFEMAC) qui feront partie des points focaux dans leurs juridictions respectives, sur les enjeux liés à l'avortement sécurisé. 

Les échanges ont porté sur les évidences scientifiques, l'évolution du cadre légal congolais et les modalités d'application du Protocole de Maputo.

Marie Chantal Kimanu Lumbu, présidente de la cour d'appel de Kinshasa/Matete, témoigne de l'impact de cette formation : "Grâce à cet atelier, j'ai compris que l'avortement sécurisé n'est pas une question de morale, mais de santé publique et qu'il peut s'appliquer dans certaines situations. Mes préjugés ont été balayés par les arguments scientifiques et juridiques présentés. Et j'ai compris qu'il est essentiel de préserver la vie des femmes en leur offrant un choix éclairé. Cette formation nous a également permis d'approfondir notre compréhension du Protocole de Maputo afin de l'utiliser comme principale source lors des différentes étapes de la procédure judiciaire en ce qui concerne les cas d'avortements. A notre tour, nous allons descendre dans nos différentes juridictions pour sensibiliser nos pairs sur la compréhension et l'utilisation du protocole de Maputo lors de différents procès liés à l'avortement"  

Cette initiative s'inscrit dans le cadre de la lutte que mène Ipas pour la mise en œuvre effective du Protocole de Maputo en RDC. En formant les acteurs clés du système judiciaire, Ipas veut contribuer à la création d'un environnement plus favorable à l'accès à des services de santé sexuelle et reproductive de qualité.

Nancy Clémence TSHIMUENEKA