RDC: focus sur quelques challenges des femmes en uniformes

Photo/ droits tiers
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Lors d'un entretien mené auprès de quelques femmes militaires ce mardi 17 septembre en matière de santé sexuelle et reproductive, un tableau complexe s'est dessiné. Si les femmes militaires expriment une fierté immense d'appartenir à l'armée, elles soulignent également les nombreux défis auxquels elles sont confrontées au quotidien.

Pour préserver leur anonymat, les noms des personnes qui se sont confiés, sont des noms d'emprunt.

Micheline Musadi, infirmière militaire, témoigne des difficultés rencontrées pour accéder à des soins de contraception fiables : “en tant que femme militaire, obtenir des contraceptifs relève du parcours du combattant. Les centres de santé militaires sont souvent surchargés et mal équipés. Il est difficile d'obtenir des contraceptifs fiables ou de bénéficier d'un suivi gynécologique régulier. Ces difficultés ont un impact direct sur notre santé reproductive et limitent nos choix de vie."

Anne Marie, quant à elle, évoque un climat de harcèlement sexuel qui mine le quotidien de nombreuses femmes en uniforme et qui peut avoir des répercussions importantes sur leur santé mentale et leur bien-être.


"J'ai intégré l'armée avec l'espoir de servir mon pays. Malheureusement, j'ai rapidement été confrontée à des comportements inappropriés de la part de certains de mes collègues masculins. Les remarques dégradantes, les avances non sollicitées et le harcèlement sexuel sont monnaie courante. J'ai peur de dénoncer ces actes par crainte de représailles et de voir ma carrière compromise,” confie-t-elle.

De son côté, Armelle, en tant que mère et militaire, met en lumière les difficultés de concilier vie professionnelle et vie familiale

"Être mère et militaire est un réel défi . Les missions fréquentes, les horaires irréguliers et les conditions de travail font qu’il est quasi impossible de concilier ma vie professionnelle avec ma vie de famille. Je me sens souvent coupable de ne pas être assez présente pour mes enfants,” déplore-t-elle.

Une autre militaire déplore quant à elle, la méconnaissance de leurs droits.
"J'ai les mêmes compétences et le même engagement que mes collègues masculins, mais je n'ai pas les mêmes opportunités de promotion. Les postes à responsabilité sont souvent réservés aux hommes. De plus, les femmes militaires sont souvent reléguées à des tâches subalternes. Je rêve d'une armée où les femmes sont pleinement intégrées et reconnues à leur juste valeur."

Les violences sexuelles continuent à être monnaie courante au sein de l’armée:
"J'ai été victime de violences physiques et psychologiques de la part de mon ex-conjoint, également militaire. Malgré les procédures en cours, je me sens isolée et je crains pour ma sécurité. J'ai l'impression que l'armée ne me protège pas suffisamment."

Les témoignages recueillis mettent en lumière des difficultés liées à l'accès aux soins de santé sexuelle et reproductive. Les horaires irréguliers, les missions en zones reculées et la méconnaissance des droits en la matière constituent autant d'obstacles.

Les défis à relever restent nombreux, notamment :

- l’Accès aux soins limités: ces femmes déplorent la difficulté d'accéder à des services de santé adaptés à leurs besoins spécifiques, notamment en matière de contraception, de prévention des infections sexuellement transmissibles et de suivi gynécologique.

- le manque de structures adaptées: les infrastructures sanitaires militaires ne sont pas toujours équipées pour répondre aux besoins spécifiques des femmes, notamment en matière de suivi de grossesse et d'accouchement.

Malgré ces difficultés, les femmes militaires congolaises: (i) souhaitent que leurs droits soient mieux reconnus et que des mesures concrètes soient mises en œuvre pour améliorer leurs conditions de vie et de travail. 
(ii) elles demandent une meilleure sensibilisation sur les questions de santé sexuelle et reproductive, tant auprès de leurs collègues que des autorités militaires. 
(iii) elles souhaitent un accès facilité et gratuit aux soins de santé sexuelle et reproductive, y compris en zone de mission. 
(iv) elles aspirent à une plus grande égalité des chances au sein de l'armée, avec notamment une meilleure représentation dans les postes à responsabilité.


Nancy Clémence Tshimueneka