Littérature : “Etcétéra”, un livre et un spectacle en tournée à Kinshasa

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Spectacle de la présentation du livre "Etcétéra"

Lumières éteintes, l’espace culturel Ndaku ya la vie est belle plonge dans un noir profond. L’atmosphère s’est chargée d’une tension palpable. Un éclair soudain a révélé Youssef Branh, cigare à la main, vêtu d’un chapeau de cowboy, assis sur un escarbot, invoquant le dieu des poètes. Cette entrée dramatique a immédiatement plongé les spectateurs dans l’univers singulier de l’auteur du livre “Etcétéra”.

Le spectacle débute par une invocation saisissante de l’artiste pluridisciplinaire Negue Fly Nsau : « Au nom du père, du fisc, et de la Sainte ni-touche, vierge de Pakadjuma ». Ces mots donnent le ton à une soirée où l’intime et le poétique s'entremêlent. Calvin Ngao, avec son allure américaine et son texte à l’anglaise, a su captiver, voire même parfois effrayer le public par son intensité.

L’espace culturel Ndaku ya la vie est belle, situé à Matonge dans la commune de Kalamu, a été le théâtre d’une soirée mémorable ce mardi 10 septembre. Le spectacle “Etcétéra”, inspiré du livre éponyme de Youssef Branh, a captivé le public par son audace, sa profondeur et sa mystériosité.

Une tournée bien lancée 

Après la publication de son livre “Etcétéra”, Youssef Branh a annoncé une tournée pour présenter ce dernier. La première étape de cette rotation sur Kinshasa a eu lieu à Ndaku ya la vie est belle, réunissant trois artistes de renom, tous slameurs de grand talent. Leur interprétation a su transcender les mots écrits, créant une expérience immersive et profondément humaine pour le public.

« Depuis que je suis artiste, je n’ai jamais fait un tel spectacle. J’ai travaillé avec de grands artistes mais ce qu’on vient de faire aujourd’hui, je ne l’avais jamais fait », laisse entendre Youssef Branh après le spectacle.

Et d’ajouter :

« Nous, on fait marcher notre vie sur des ondes et quand tu sens qu’il y a une onde positive qui te dis quelque chose, tu t’accroches. Tout ça, c’est le fruit d’un travail qui a duré longtemps. Je n’avais jamais travaillé aussi longtemps avant. Le projet du bouquin, même la date de sa sortie, toute la communication autour du livre et l’idée même de sortir un recueil de poèmes et d’en faire un spectacle comme celui-ci, c’était un grand travail ».

Les artistes ont brillamment incarné les thèmes du livre, transformant chaque mot en une performance vivante. Cette fusion entre l’écrit et l’oralité a permis de créer un lien intime avec le public, rendant chaque moment du spectacle unique et mémorable.

« Je viens d’assister à un spectacle magnifique, donné par de merveilleux artistes. Je suis très émue puisque j’ai été conviée à une cérémonie qui a décidément manifesté de l’émotion. Je suis plus que émue, satisfaite et touchée par toute cette prestation qui n’était rien d’autre que magnifique », s’exclame Sandra Ntumba, une des participants au spectacle. 

Fier de sa prestation, Negue Fly veut laisser sa performance parler à sa place « Moi, j’ai glissé le spectacle, c’est aux spectateurs de glisser des mots », dit-il. 

Une mise en scène de classe mondiale

Benjamin Masiya, metteur en scène de ce spectacle, affirme ne pas avoir à réfléchir longtemps pour mettre en scène le recueil de Youssef Brahn. Un seul coup d’œil lui a suffit pour imaginer un tel événement.

« Quand Youssef m’a fait appel, je lui ai demandé de lire juste le premier texte et c’est de là qu’a jailli la première idée de la mise en scène. Et après, j’ai trouvé toute l’idée de mise en scène », a-t-il affirmé.

La réussite de ce spectacle est due à une spiritualité partagée entre le metteur en scène et ses comédiens. Mais aussi, c’est grâce à la confiance que les uns ont su placer aux autres. 

« Ce spectacle est très spirituel à la base puisque moi-même déjà je suis quelqu’un de spirituel et j’ai travaillé avec des gens spirituels. Ce qui est très effarant, c’est que le spectacle n’a duré que 4 jours en terme de répétition, on a fini le spectacle aujourd’hui. On a fait une répétition à l’italienne et c’est parce j’avais confiance en eux tout comme eux avait confiance en moi qu’on a fait une bombe. Nous pensons faire mieux prochainement », explique Benjamin Masiya, Slameur et metteur en scène du spectacle. 

Le spectacle “Etcétéra” a réussi à marquer les esprits par sa mise en scène audacieuse et ses performances poignantes. Cette première représentation à Kinshasa augure une tournée prometteuse, où l’intime et le poétique continueront de se dévoiler sur scène, offrant au public une expérience artistique inoubliable.

En plus des performances remarquables des acteurs, toute la gloire est à rendre au metteur en scène, Benjamin Masiya, qui a su transformer des simples Slameurs à des interprètes et comédiens.

« Je m’attendais à du lourd. J’avais juste un peu peur parce que je travaillais avec des Slameurs à la base qui ne sont pas des interprètes, qui ne sont pas comédiens, qui ne sont pas acteurs. Moi je suis étudiant à l’INA, j’étudie les arts dramatiques, je sais ce que c’est de l’interprétation dramatique, je sais ce que c’est que d’être comédien sur scène. Alors il fallait un peu de théâtralité, je travaille avec des gens qui connaissent pas du théâtre au sens du terme. Il fallait leur expliquer, leur dire comment travailler l’intonation », a ajouté Benjamin Masiya.

Et de poursuivre :

« Je me disais que le spectacle nous emportera dans une sorte d’idiosyncrasie, dans une sorte de cosmos poétique fictif et imaginaire. Et c’est ce que j’ai vu en tout cas. C’est ce à quoi je m’attendais ». 

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James Mutuba