Genocost:"les recettes autrefois connues visant à assurer l'impunité notamment à travers les lois d'amnestie ou d'intégration au sein des administrations publiques sont à oublier et ne seront plus à l'ordre du jour", insiste Judith Suminwa

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Judith Suminwa à Kisangani

Au moment où les rebelles du M23 soutenus par le Rwanda lorgnent toujours sur la possibilité d'obtenir un dialogue direct avec l'administration Tshisekedi, le gouvernement de la République a une nouvelle fois réitéré sa position selon laquelle il n'y aura pas de dialogue ni d'amnestie avec tous ceux qui sont impliqués dans des violations des droits humains et crimes contre l'humanité et crimes de guerre.

Dans son discours à l'occasion de la commémoration du génocide congolais "Genocost" ce vendredi 2 août 2024, la première ministre Judith Suminwa a appelé à une collaboration avec les deux chambres du parlement pour se doter des textes législatifs et réglementaires pour mettre fin à cette pratique qui avait élu domicile dans les institutions de la République Démocratique du Congo.

"Dans le cadre des garanties de non répétition, il est nécessaire que nos institutions à savoir le parlement et le gouvernement travaillent ensemble pour prendre des textes législatifs ou réglementaires selon le cas visant à écarter les auteurs desdits crimes de l'accès à des charges publiques, les recettes autrefois connues visant à leur assurer une impunité notamment à travers les lois d'amnestie ou d'intégration au sein des administrations publiques sont à oublier et ne seront plus à l'ordre du jour", a déclaré la cheffe du gouvernement en présence de l'assistance réunie à la mairie de la ville de Kisangani dans la province de la Tshopo.

La représentante du Président Félix-Antoine Tshisekedi est revenue sur la nécessité de réactiver le front judiciaire en vue de rétablir les victimes dans leurs droits et établir les responsabilités.

 À l'en croire, la réparation seule ne suffit pas, elle doit s'adosser notamment sur la justice, la vérité et les garanties de non répétition. C'est dans cette dynamique, a-t-elle fait savoir que le garant de la nation Félix Tshisekedi a impulsé l'implémentation de la mise en œuvre de la justice transitionnelle dont le processus doit se poursuivre.

"La commission inter institutionnelle d'aide aux victimes et d'appui aux réformes l'une des structures techniques dédiées aux réformes dans ce domaine comme je viens de le dire devra travailler en collaboration avec le ministère des droits humains et celui de justice ainsi que le comité scientifique pour réappropriation de la politique nationale de la justice transitionnelle et de l'avant projet de loi portant principes fondamentaux de sa mise en œuvre", a déclaré la première ministre Judith Suminwa Tuluka dans son discours devant les membres du gouvernement et plusieurs autorités civiles et militaires.

Par la même occasion, au nom du gouvernement, Judith Suminwa a appelé une nouvelle fois à l'institution d'un Tribunal Pénal Spécial pour la République Démocratique du Congo.

"Toujours dans le souci de voir ces crimes internationaux réprimés, le gouvernement poursuit le plaidoyer visant la création d'un tribunal pénal international pour la République Démocratique du Congo. L'exécutif congolais appelle les partenaires internationaux à soutenir cette initiative", a plaidé Judith Suminwa Tuluka dans son intervention. 

Initiée il y a quelques années déjà par la plateforme CAYP, la commémoration du GenoCost, également connue sous le nom de "Génocide des Congolais", vise à lutter contre le silence, la minimisation, le déni de justice et l'oubli concernant les crimes graves commis en RDC. Cette tragédie a entraîné plusieurs millions de victimes. La commémoration sensibilise et mobilise l'opinion congolaise et internationale en faveur du droit du peuple congolais à la vérité, à la justice, aux réparations et à la prévention de la répétition de tels crimes.

Le gouvernement a adopté cette cause, et la date du 2 août sera déclarée chômée et payée sur toute l'étendue du territoire national, selon Chantal Chambu Mwavita, Ministre des Droits Humains.

Conformément aux dispositions de la Loi n°22/065 du 26 décembre 2022, fixant les principes fondamentaux relatifs à la protection et à la réparation des victimes de violences sexuelles liées aux conflits et des victimes des crimes contre la paix et la sécurité de l’humanité, Félix Tshisekedi avait lancé, pour la première fois, la commémoration du génocide congolais le mercredi 2 août 2023 à Kinshasa.

Pour Félix Tshisekedi, la date du 2 août représente un jour spécial pour la mémoire collective de la nation et du peuple de la République démocratique du Congo. La journée commémorative du génocide congolais (GENOCOST) est présentée comme un geste de respect pour rendre hommage à tous ceux qui ont perdu la vie dans les conflits en RDC.

Clément MUAMBA, depuis Kisangani