Procès Nangaa et Co-accusés: la partie civile a démontré aux prévenus le rôle "néfaste" du Rwanda en RDC

Photo d'illustration
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La partie civile République Démocratique du Congo représentée par Maître Tharcisse Matadi Wamba Kamba Mutu a, lors de l'audience tenue lundi 29 juillet 2024 à la Cour Militaire de Kinshasa/Gombe présenté ses conclusions dans le cadre de l'affaire qui oppose le ministère public et l'ancien président de la CENI et leader du mouvement politico-militaire Alliance Fleuve Congo (AFC) Corneille Nangaa et Consorts.

Dans son exposé, le bâtonnier Tharcisse Matadi Wamba a rejeté les allégations débitées par certains prévenus notamment en ce qui concerne la marginalisation des populations de l'Est de la RDC contrairement à celles de l'Ouest du pays. Il a affirmé que la RDC est un État accueillant et estime qu'au contraire le Rwanda qui est soutien numéro Un de ce mouvement est à la base de certaines difficultés endurées par le peuple congolais.

"Le Congo est accueillant et surtout Kinshasa ignore cette histoire de discrimination, on ne discrimine pas les gens ici de par leur nez, leur taille non. C'est une preuve par l'absurde de ce que Microbe et consorts ont entendu faire croire pour justifier leur adhésion à l'Alliance Fleuve Congo/M23. Je voudrais parler de la pauvreté comme ils ont dit que le pays est pillé, il y a une mauvaise gouvernance. Je voudrais qu'ils sachent que ceux qui comparaissent ici comme ceux qui sont en cavale, ne se sont jamais interrogés sur l'origine de la pauvreté de notre pays ? Est-ce que le Rwanda où ils vont prendre les leçons de démocratie est étranger à la paupérisation de la République Démocratique du Congo? Le Rwanda y est pour beaucoup", a déclaré Me Tharcisse Matadi Wamba Kamba Mutu, représentant de la République Démocratique du Congo.

Matadi Wamba a brandi le rôle "criminel" du Rwanda dans les pillages des ressources minérales de la RDC. Il dit ne pas digérer le comportement des prévenus qui devaient se rappeler de ce que le Rwanda a fait subir M'zee Laurent Désiré Kabila à la suite de la prise du pouvoir par l'AFDL.

"Est-ce que les accusés ici présents, est-ce que le numéro Un de leur mouvement avec les autres ont déjà oublié le sort fait à un certain M'zee Laurent Désiré Kabila par le même Rwanda, est-ce que vous avez déjà oublié ? Comment un enfant bien né de descendance comme Nangaa peut-il se jeter dans les bras de cet homme là (NDLR: Paul Kagame)? Ça me renverse personnellement", s'est-il interrogé.

Face à cette situation, la République Démocratique du Congo exige le paiement d'un milliard USD au titre des préjudices dans le cadre de la guerre d'agression.

"Les préjudices sont immenses, qu'est-ce que la République demande en guise de réparation ? 1 milliard USD en notre monnaie nationale et pour le reste qu'il vous plaise de recevoir le réquisitoire du ministère public et de le dire fondé", a plaidé Me Matadi Wamba.

En date du 24 juillet 2024, la Cour militaire de Kinshasa/Gombe avait ouvert le procès public contre le chef du mouvement politico-militaire Alliance Fleuve Congo (AFC), Corneille Nangaa. Vingt-quatre autres prévenus sont aussi poursuivis pour rébellion contre la République. Cinq prévenus ont comparu, alors que les autres sont "en fuite".

Lors de l'audience du lundi 29 juillet 2024, Vianney Kazarama, autrefois la voix du mouvement rebelle en 2012, a été ajouté à la liste des prévenus. Des photos de lui ont récemment circulé dans les zones occupées par les rebelles du M23, et selon plusieurs sources, il s'était retiré au Rwanda. Kazarama, qui était présenté avec le grade de lieutenant-colonel, est désormais poursuivi comme les 25 autres accusés.

L'ancien président de la Commission Électorale Nationale Indépendante Corneille Nangaa et ses co-accusés sont poursuivis pour les griefs tels que crime de guerre, participation à un groupe criminel et enfin la trahison. Il leur est reproché d’avoir créé un groupe armé, qui combat l'armée régulière aux côtés de l'armée rwandaise. Les 21 prévenus qui ne sont pas sur place sont jugés "par défaut" (contumace).

Clément MUAMBA