RDC: un militaire condamné à mort pour fuite devant le M23 et meurtre de l’enfant d'un officier déployé aux fronts

Procès des militaires fuyards devant le M23
Procès des militaires fuyards devant le M23

Un militaire a été condamné l'avant midi de ce vendredi 5 juillet à Lubero-centre (Nord-Kivu) à la peine de mort pour fuite devant le M23, meurtre de l’enfant d'un officier déployé aux fronts, et dissipation de munitions. 

Le verdict a été prononcé au cours de l'audience du procès en flagrance en cours d'une vingtaine de militaires poursuivis par le tribunal militaire de garnison de Butembo pour diverses infractions notamment lâcheté devant le M23, dissipation de munitions, meurtres, tentative de meurtre et pillage. 

Le militaire condamné est un soldat de deuxième classe 3201 ème bataillon déployé à Kanyabayonga mais qui s'est retrouvé le 28 juin à Kaseghe, à une trentaine de kilomètres plus au Nord, sans autorisation de son commandant. Ce qui constitue, d'après le tribunal militaire, une fuite devant les rebelles du M23 qui progressent dans le Sud de Lubero. Aussi, à Kaseghe, à encore le tribunal militaire s'était rendu coupable de dissipation de munitions en tirant plusieurs balles dans une "si grande agglomération". Circonstances dans lesquelles il a, d'après le tribunal, tué par balle une fillette de six et blessé une autre à la poitrine, des victimes toutes enfants d'un colonel des FARDC déployés à Kaseghe. En RDC, les militaires se déploient avec toutes leurs familles en cas de mutation. Pour le tribunal, ces derniers faits, confirmés par le commandant du front nord des FARDC, sont constitutifs des infractions de meurtre et tentative de meurtre. Ainsi, le tribunal l'a condamné à la peine de mort pour lâcheté, meurtre et tentative de meurtre ainsi qu'en dix ans pour dissipation de munitions. 

D'après le capitaine magistrat Byamungu Bunamira, président du Tribunal militaire de garnison de Butembo, ce procès vise à "rétablir la discipline dans les rangs des hommes armés au front".

Après le prononcé du jugement, le prévenu a interjeté appel au banc, réfutant tous ces faits mis à sa charge. 

Au cours de ce procès qui se tient dans la cour de la commune rurale de Lubero, une vingtaine d'autres militaires attendent leur sort ce vendredi. Ils sont encore 28 à la barre et sont essentiellement poursuivis pour lâcheté ou fuite devant les rebelles, dissipation des munitions, pillages et tentative de meurtres. 

Le tribunal instruit leurs causes et promet rendre jugement ce vendredi. 

Plusieurs habitants de Lubero ont pris d'assaut le lieu de l'audience en vue de vivre le jugement des militaires qui fuient et excellent dans l'indiscipline plutôt que de les défendre face aux M23 qui se retrouvent à près de 70 Km du lieu du procès. 

Claude Sengenya, envoyé spécial à Lubero