Deux militaires ont été condamnés à mort ce vendredi 5 juillet par le tribunal militaire de garnison de Butembo pour lâcheté devant le M23 et d'autres infractions, notamment meurtre, tentative de meurtre, crime contre l'humanité et dissipation des munitions. Verdict prononcé au cours d'une audience publique tenue dans la cour de la commune rurale de Lubero où le tribunal poursuit depuis jeudi une trentaine de militaires poursuivis pour fuite devant les rebelles du M23 pendant la prise des cités de Kanyabayonga, Kayna, Kirumba et Miriki cette semaine qui s'achève.
Ce vendredi, 32 prévenus étaient à la barre parmi lesquels 25 ont comparu et 7 l'instruction de leur cause renvoyée à samedi faute de temps. Ils sont tous poursuivis essentiellement pour fuite devant le M23 et dissipation des munitions. Parmi les prévenus ayant comparu, deux dont l'instruction des causes ont débuté jeudi ont été condamnés à la peine capitale.
Le premier est un soldat de deuxième classe déployé à Kanyabayonga mais qui s'était retrouvé le 28 juin Kaseghe, à une trentaine de Km plus au Nord, sans autorisation de son commandant. Ce qui constitue, d'après le tribunal, l'infraction de lâcheté devant l'ennemi, notamment les rebelles du M23 qui gagnent du terrain dans le Sud de Lubero. Plus grave, note le tribunal, à son arrivée à Kaseghe, le condamné s'était rendu coupable de dissipation des munitions pour avoir tiré des balles dans une "si grande agglomération", loin des rebelles. Des balles qui ont malheureusement atteint deux filles d'un colonel FARDC, tuant l'une et blessant l'autre à la poitrine. Pour le capitaine magistrat Byamungu Bunamira, président du tribunal, ces derniers faits confirmés par le commandant du front Nord sont constitutifs des infractions de meutre et de tentative de meurtres. Ainsi, le tribunal l'a condamné à la "peine de mort pour lâcheté devant l'ennemi, meurtre et tentative de meurtre ainsi qu'à dix ans pour dissipation de munitions".
Le deuxième condamné est également un soldat de rang qui a vu son infraction de coups et blessures être requalifiée en tentative de meurtres.
Il s'agit du soldat Lukolongo Jean-Marie qui a, lors de sa fuite, tiré sur une ambulance de l'armée dont le chauffeur avait refusé de les embarquer, lui et ses compagnons d'arme fuyards à hauteur de Kitsombiro, après qu'ils ont abandonné la ligne de front de Kaseghe. D'après le tribunal, ce militaire avait tiré six balles dont certaines avaient malheureusement blessé un agriculteur qui revenait du champ. Ainsi, le tribunal l'a condamné à mort pour lâcheté devant l'ennemi pour avoir fuit le front, dissipation des munitions pour avoir tiré des balles, tentative de meurtre pour avoir blessé un agriculteur et crimes contre l'humanité pour avoir tiré en direction d'une ambulance de l'armée.
Parmi les condamnés, le premier a interjeté appel nuant les faits lui reprochés, alors que le second a plaidé coupable et sollicité des circonstances atténuantes, sollicitation rejetée par le tribunal militaire qui l'a plutôt condamné, en plus de peine, au payement de 4 miles dollars en guise de dommage et intérêts à l'agriculteur blessé.
22 autres militaires dont les causes ont été instruites ce vendredi seront fixés sur leur sort samedi après le réquisitoire et la plaidoirie fixés à partir de 9 heures. L'instruction de 7 autres causes a été renvoyée à samedi.
Claude Sengenya