Cela fait trois ans que les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri sont placées sous état de siège. L’objectif clairement énoncé dans l’ordonnance présidentielle est de permettre aux Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) d’éradiquer les groupes armés dans cette partie du pays. L’état de siège oblige aussi de mettre à la tête de l’administration de ces entités, des autorités militaires. Mais ces dernières essuient souvent des critiques des politiques qui les accusent de prendre le goût du pouvoir au lieu de faire la guerre aux forces négatives.
Mercredi, le gouverneur intérimaire du Nord-Kivu, le général Peter Chirimwami a, au cours d’un briefing à la presse, profité pour tacler les politiques. Selon lui, la gestion de ces derniers à la tête de la province n’est pas meilleure que celle sous état de siège.
"Il y a beaucoup de gens qui s'acharnent sur l'état de siège et je pense qu'ils doivent s'apaiser parce que ce n'est pas nous militaires qui avions décidé de l'instauration de l'état de siège et lorsque ça sera décidé que ça cesse ça va cesser. Ce que j'ai toujours dit avec la petite expérience de 7 mois à la tête de la province du Nord-Kivu, on ne me dira pas que les civils étaient de bons gestionnaires que les militaires. Je crois que vous êtes témoins", a dit le général Peter Chirimwami.
Des projets de développement sont exécutés par l’administration militaire. C’est notamment l'asphaltage de quelques avenues à Goma.
Trois ans après l'entrée en vigueur de l'état de siège, un régime spécial décrété par le Chef de l'État Félix Tshisekedi pour mettre fin aux violences armées en Ituri et au Nord-Kivu, le résultat est loin d'être atteint. En Ituri par exemple, l’insécurité et les violences armées se sont répandues davantage sur l’ensemble de la province durant la mesure de l’état de siège.
Dans une déclaration lundi 13 mai à Bunia, elle dresse un bilan accablant de plus de 2 000 civils tués, des blessés, des kidnappés et plusieurs cas d'incendies. Pour la société civile, les violences ont atteint "un paroxysme" durant les 3 ans de l'état de siège en Ituri.
L'état de siège décrété depuis mai 2021 a placé les militaires et policiers à la tête des entités territoriales décentralisées et des provinces de l'Ituri et du Nord-Kivu. Cette mesure exceptionnelle suscitait une lueur d'espoir des populations de ces deux provinces qui espéraient le retour effectif de paix. Depuis la résurgence des rebelles du M23 soutenus par le Rwanda, la situation sécuritaire s'est détériorée davantage.
Clément MUAMBA, à Goma