Le gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC) s'est engagé à intensifier la lutte contre le paludisme en prévoyant d'introduire un nouveau vaccin en 2024. L'objectif est de réduire de manière significative la morbidité et la mortalité liées au paludisme, notamment chez les enfants de moins de cinq ans, particulièrement vulnérables à la maladie.
Un atelier stratégique s'est tenu à Kinshasa du 29 avril au 5 mai, réunissant les acteurs clés du Programme élargi de vaccination (PEV) et du Programme national de lutte contre le paludisme (PNLP), l’UNICEF, ainsi que leurs partenaires, dont l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’Alliance mondiale pour le vaccin (GAVI) et PATH. L'objectif principal était d'élaborer un plan détaillé pour le déploiement efficace du vaccin antipaludique en RDC, le R21.
Le paludisme est responsable de 40% des décès et de 77% des hospitalisations des enfants de moins de 5 ans en RDC., l’un des pays avec le Nigeria où la charge de morbidité est la plus élevée, affectant de manière disproportionnée les femmes enceintes et les enfants de moins de cinq ans.
Les discussions ont porté sur la définition d'une feuille de route stratégique pour l'introduction de ce nouveau vaccin ; la mise en place d'un modèle opérationnel pour le déploiement efficace du vaccin ; l'élaboration d'un plan de communication visant à susciter le soutien et la demande pour le nouveau vaccin dans les communautés, et la formation des acteurs clés, agents de santé, acteurs communautaires et membres de la société civile.
« C'est une rencontre qui nous permet de nous préparer à cette introduction historique pour la RDC. Le paludisme est un problème majeur de santé publique dans notre pays, ce nouveau vaccin que nous introduisons dans le PEV de routine représente une avancée significative dans notre stratégie nationale de lutte contre le paludisme », explique le Dr Aline Maliwali, point focal du programme de vaccination antipaludique au PNLP. "
Selon le PNLP, plus de 27 millions de cas de paludisme ont été enregistrés en RDC en 2022, dont la moitié chez des enfants de moins de cinq ans. Près de 25 000 enfants en sont morts en 2022.
Des efforts considérables ont été faits ces dernières années pour lutter contre le paludisme, une maladie potentiellement mortelle, notamment la distribution de moustiquaires imprégnées, le traitement préventif intermittent pour les femmes enceintes et l’introduction de combinaisons thérapeutiques à base d'artémisinine, notamment lors des pics saisonniers. L'introduction du nouveau vaccin contre le paludisme représente donc une étape cruciale dans la lutte contre cette maladie dévastatrice en RDC.
“Notre pays a enregistré 27.657.762 cas de paludisme et 24.344 décès, principalement dus au paludisme, soit une légère tendance à la hausse du nombre de cas et une tendance à la baisse du nombre de décès", a déclaré le Dr Roger Kamba, ministre de la Santé, de l'Hygiène et de la Prévention, dans son message à la nation à l'occasion de la 17ème journée mondiale de lutte contre le paludisme,
Le déploiement à grande échelle des vaccins antipaludiques en Afrique est en cours depuis 2021. La vaccination contre le paludisme s'est avérée sûre et efficace pour prévenir le paludisme chez les enfants et, lorsqu'elle sera mise en œuvre à grande échelle, elle devrait avoir un impact substantiel sur les maladies et la mortalité infantiles dues au paludisme – et sur la santé publique en général. Une vingtaine de pays ont reçu l'approbation de GAVI pour l'introduction de la vaccination antipaludique dans le cadre des plans nationaux de lutte contre le paludisme, dont la RDC.
Les chercheurs africains et les spécialistes de la santé publique ont été à l'avant-garde du développement du vaccin antipaludique, résultat de décennies de recherche et de développement scientifiques, d'investissements dans la santé mondiale et de partenariats public-privé. Sur la base d’un programme pilote mené au Ghana, au Kenya et au Malawi depuis 2019, l’évaluation de l'utilisation du premier vaccin, le RTS,S, révèle une baisse de 13% du nombre de décès, toutes causes confondues, chez les enfants en âge d’être vaccinés ; une réduction des hospitalisations pour paludisme grave ainsi que la sécurité du vaccin, après l'administration de plus de six millions de doses de vaccin à plus de deux millions d'enfants.
« Nous sommes déterminés à protéger la santé des enfants et à réduire l'impact dévastateur du paludisme dans notre pays. C'est pourquoi il est crucial d'organiser ces assises avec nos partenaires pour s'assurer que nous sommes prêts à introduire ce vaccin et à lutter efficacement contre le paludisme », précise le Dr. Crispin Kazadi chargé de l’introduction du nouveau vaccin au Pev.
Ce vaccin, dont les effets sont satisfaisants, est cité aujourd'hui comme un exemple d'innovation en matière de santé et une avancée scientifique dans la lutte contre ce fléau endémique chez les nourrissons et les enfants de moins de cinq ans
Selon Djeneba Coulibaly, responsable de l’introduction du vaccin antipaludique en RDC pour l’organisation non-gouvernementale PATH, le vaccin contre le paludisme réduit le nombre de fois où les enfants contractent le paludisme, y compris le paludisme grave, et réduit le nombre de décès d’enfants. « C’est une forme recommandée de protection contre le paludisme qui doit être utilisée dans le cadre d’un programme de prévention du paludisme, qui comprend des mesures telles que l’utilisation de moustiquaires imprégnées d’insecticide, la chimio prévention pérenne ou saisonnière du paludisme et la pulvérisation intra domiciliaire d’insecticide. Il ne faut pas oublier que même après la vaccination, les enfants peuvent encore tomber malades du paludisme et les agents de santé comme les parents doivent rester vigilants en cas de fièvre. »
Le vaccin contre le paludisme est introduit en RDC progressivement, en commençant par les provinces ou les enfants courent un risque très élevé de contracter la maladie. L’administration du vaccin sera étendue à d’autres régions dans les années à venir, grâce à l’appui des partenaires techniques et financiers du ministère de la Santé publique et à l'engagement des agents de santé et de la communauté.
Yves Ndjadi, responsable de communication de PATH-RDC