Intervention officielle à la prison de Makala après les révélations d'un journaliste sur les conditions de détention

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Prison centrale de Makala. Ph. Droits tiers.

Le vice-ministre de la Justice et le premier président de la Cour de cassation ont visité, ce lundi 25 mars, le centre pénitentiaire et de rééducation de Kinshasa (Prison de Makala). Ceci fait suite à la dénonciation des conditions carcérales dans cette prison par le journaliste Stanys Bujakera, qui y a vécu plus de 6 mois.

Pour Elie Ndomba Kabeya, premier président de la Cour de Cassation, l'alerte sur la détention de 21 ans d’un prisonnier sans procès est l'élément déclencheur de cette visite. « C'est cela qui m'a alerté. Je suis venu voir ce prisonnier, parler avec lui, vérifier s'il a ses conseils, de quelle juridiction il relève, savoir pourquoi il est là et n'a pas sollicité d'être jugé », a-t-il déclaré à la presse.

Il était accompagné des greffiers des différentes juridictions. Elie Ndomba a promis de se pencher sur les cas des condamnés qui doivent aller purger leurs peines ailleurs, dans le but de désengorger la prison de Makala.

« La prison a été construite pour 1 500 personnes. Aujourd'hui, la population a augmenté de 100 %. Il y a des raisons évidentes : la démographie de la population de Kinshasa est en expansion, la criminalité est en hausse, il est normal qu'il y ait beaucoup de personnes en détention. Ceux qui sont déjà condamnés peuvent déjà aller purger leurs peines dans d'autres prisons du pays où ils seront formés avec la possibilité d'être resocialisés, au lieu de rester à Makala où ils peuvent étouffer ou tomber malades, laissant leur vie », a affirmé Elie Ndomba.

Jugé coupable de « contrefaçon », « faux en écriture », « propagation de faux bruits » et condamné à 6 mois de prison suite à un article sur la mort de l'opposant Chérubin Okende, qu’il n’avait pas signé, Stanis Bujakera avait été libéré le 19 mars dernier. À sa sortie, il avait attiré « l'attention de l'opinion sur le lugubre sort de Damas Ngoy Nkungu, le plus vieux prévenu de la prison de Makala. Il totalise 21 ans sans procès. À lui tout seul, il symbolise le désespoir de nombreux prisonniers innocents qui croupissent dans les geôles à cause des parquets.

Selon les données du journaliste, la prison centrale de Makala est une sorte d'antichambre de la mort. Elle contient aujourd'hui plus de 14 400 détenus, dont près de 9 000 en attente de jugement.