Bénédiction des mariages homosexuels: "Le continent africain a vécu, a ressenti "Fiducia supplicans" comme une colonisation culturelle, comme une sorte d'impérialisme de l'occident" (Fridolin Ambongo)

Le Cardinal Ambongo célèbre s'adressant au Pape François lors de la messe le 1er février à Kinshasa
Le Cardinal Ambongo célèbre s'adressant au Pape François lors de la messe le 1er février à Kinshasa

Au cours d'un entretien accordé et diffusé dimanche 17 mars sur KTO (une chaîne de télévision catholique de langue française), le Cardinal Fridolin Ambongo est revenu sur le feuilleton relatif à la déclaration de "Fiducia supplicans" publié le 18 décembre 2023 par le dicastère pour la Doctrine de la Foi (DDF). "Fiducia supplicans " (« Supplicating Trust »)  est une déclaration de 2023 sur la doctrine catholique qui permet aux prêtres catholiques de bénir les couples qui ne sont pas considérés comme mariés selon l'enseignement de l'Église, y compris les couples de même sexe.

"Derrière cette déclaration, il y avait tout un problème culturel parce que le continent africain a vécu, a ressenti "Fiducia supplicans" comme une colonisation culturelle, comme une sorte d'impérialisme de l'occident mais sur le plan culturel, c'est-à-dire les pratiques qui sont considérées comme normales en occident, on a voulu imposer ça à d'autres peuples, je crois que la virulente réaction de l'Afrique ça s'expliquait là. Les Africains ont vu derrière "Fiducia supplicans" une volonté d'imposer à l'Afrique les pratiques de l'occident", a indiqué Fridolin Ambongo.

L'archevêque de Kinshasa a salué l'attitude du Pape François qui a accordé une attention particulière aux requêtes des évêques du continent africain par rapport à cette déclaration.

"Je dois dire, je suis plein d'admirations et de remerciements au sens pastoral du Pape parce qu'il a lu tout ce que je lui avais emmené, il m'a reçu, on a parlé mais c'est le sens pastoral, le sens du pasteur qui a pris le dessus. Il m'a envoyé travailler avec le préfet du dicastère, le Cardinal Fernandez pour la doctrine de la foi parce que nous avions deux objectifs à sauver: premièrement calmer nos fidèles du continent africain qui s'étaient sentis blessés dans leur foi mais en même temps sauver la communion avec le successeur de pierre (NDLR : Pape). Et à l'issue de cet entretien que le pape m'a donné, aussi le Cardinal Fernandez j'ai publié le document qui a fait le tour du monde naturellement mais nous reconnaissons aujourd'hui que ce document a apporté la paix, la tranquillité et depuis lors on ne parle plus de "Fiducia supplicans" en terme de virulence, d'opposition vis-à-vis de Rome, vis-à-vis du Saint Père", a fait remarquer le chef de l'église catholique en RDC.

À la question de savoir quel est le regard de l'Église catholique en Afrique à l'endroit des personnes homosexuelles ? Fridolin Ambongo explique :

"Depuis toujours en Afrique, on connaît des cas de pratiques d'homosexualité mais les cas qui existent en Afrique sont considérés comme une déviation, comme une abomination et vous allez voir de façon globale au niveau du continent africain l'homosexualité n'est pas encore légalisé et c'est ça surtout qui avait choqué en Afrique, comment benir des choses qui sur le plan légal sont interdites ? La pratique de l'homosexualité même si ça existe, elle n'est pas considérée comme une pratique normale. Au niveau du continent, l'église a une attitude qui est très claire: les homosexuels ont les accueille comme des êtres humains comme fils et filles de Dieu, on ne les rejette pas mais on ne part pas du principe que cette orientation sexuelle soit celle que nous pouvons enseigner à nos enfants mais on ne les stigmatise pas, on n'encourage pas non plus cette pratique", a-t-il répondu. 

À la suite de sa publication, "Fiducia supplicans" a suscité diverses réactions en Afrique. Des chrétiens avaient réagi et demandé des clarifications. Selon Vatican News, des prêtres, religieuses, religieux, théologiens et d’autres ont tenté tant bien que mal de fournir des explications, mais plusieurs fidèles, hommes et femmes d'Église, ne semblent pas convaincus. Certains se disent surpris, perdus, perplexes, d'autres se sont dits choqués et confus au sujet des propos exprimés dans ce texte.

Clément MUAMBA