RDC : l’UE annonce plus de 60 millions d’euros pour des projets humanitaires et la réduction de risques de catastrophes

Des personnes déplacées par le conflit s'inscrivent pour recevoir une aide en espèces du PAM dans le camp de Bulengo, au Nord-Kivu, dans l'est de la RDC ravagé par le conflit. Photo : PAM/Michael Castofas : PAM/Michael Castofas
Des personnes déplacées par le conflit s'inscrivent pour recevoir une aide en espèces du PAM dans le camp de Bulengo, au Nord-Kivu, dans l'est de la RDC ravagé par le conflit. Photo : PAM/Michael Castofas : PAM/Michael Castofas

La partie Est de la RDC, comme une partie de la région des Grands-Lacs, est en proie à une situation sécuritaire loin d’être dans les aspirations de la population. Tueries, vols, viols et bien d’autres faits affreux constituent les affres des congolais depuis de longues années. Face à un nombre frappant de déplacés internes, le plus élevé au monde, la RDC n’a pas fermé la porte à de l’aide humanitaire venant de l’extérieur.

Ainsi, l’Union Européenne (UE), qui s’était déjà illustrée dans le domaine avec 1,7 million d'euros alloués en début d’année en réponse aux inondations qu’a connues le pays, a annoncé une nouvelle aide plus costaude que la première. En effet, dans un communiqué de ce vendredi 15 mars, parvenu à ACTUALITÉ.CD, la Commission de l’UE annonce une nouvelle aide humanitaire d'un montant de près de 70 millions d’euros pour la région des Grands-Lacs.

Dans cette allocation, plus de 90%, soit 63,75 millions d'euros, reviennent à la RDC pour des projets humanitaires dont 4,75 millions d'euros pour la réduction des risques de catastrophe. Ce financement de l'UE soutiendra également des projets de lutte contre les violences basées sur le genre et de soutien à l'éducation dans les situations d'urgence.

Un montant de 6 millions d'euros est alloué à la réponse régionale aux réfugiés au Burundi, pour fournir une aide humanitaire aux réfugiés burundais installés dans les pays voisins, y compris le Rwanda et la Tanzanie, ainsi qu'à ceux qui sont déjà rapatriés au Burundi.

« La situation humanitaire dans la région des Grands Lacs est désespérée et pourrait encore se détériorer en 2024, vu que le conflit s'intensifie et que les causes profondes de la violence persistent. Nous avons déjà constaté une détérioration significative de la situation sécuritaire dans l'est de la RDC, avec des effets dévastateurs sur les civils. La violence basée sur le genre et les violations du droit international humanitaire sont particulièrement répandues dans la région », a déclaré Janez Lenarčič, commissaire de l’UE chargé de la gestion des crises.

Et d’ajouter : 

« Le financement humanitaire de l'UE contribuera à alléger les souffrances des plus vulnérables. Cependant, j'appelle également de toute urgence toutes les parties aux conflits à respecter le DIH et les droits des civils ».

L’Union Européenne a fait parler d’elle en RDC le mois dernier suite à une signature, dans le cadre de sa stratégie "Global Gateway", d’un protocole d'accord avec le Rwanda, suscitant de vives réactions côté congolais. Cette stratégie vise à mobiliser jusqu'à 300 milliards d'euros d'investissements publics et privés entre 2021 et 2027 pour renforcer la prospérité et la sécurité de l'Europe et de ses partenaires mondiaux.

Cependant, côté congolais, on estime incompréhensible que l'Union européenne, qui se présente comme gardienne des valeurs universelles de paix, de démocratie et de respect des droits de l'homme, puisse conclure un tel accord. Dans un contexte où le Rwanda est accusé d'avoir envahi militairement la RDC en soutenant le mouvement rebelle du M23, cet accord semble aller à l'encontre des principes fondamentaux défendus par l'UE.

La situation sécuritaire de ces derniers jours en RDC est telle que l'offensive du M23 continue de s'étendre dans le territoire de Rutshuru, au Nord-Kivu, où plusieurs localités tombent sous le contrôle des rebelles. Le dernier en date, la pêcherie de Vitshumbi, située au bord du lac Edouard, a été conquise sans combat selon le chef ad intérim de la chefferie de Bwito, le Mwami Nyamulagha Bukavu Kikandi 3. Les forces armées congolaises et les Wazalendo ont dû se replier stratégiquement pour éviter des dégâts collatéraux.

Dans cette situation sempiternelle, la violence et l'exploitation sexuelles ont atteint des niveaux sans précédent, y compris autour des camps de personnes déplacées à l'intérieur du pays, où les femmes et les enfants ont été contraints de se livrer à diverses formes d’activité sexuelle de survie en raison de l'inexistence des moyens de subsistance et de l'insuffisance de l'aide humanitaire. L'insécurité alimentaire répandue dans le pays a touché environ 26 millions de personnes, ce qui constitue l'un des chiffres les plus élevés au monde.

Kuzamba Mbuangu