Le feuilleton pont Kibali, dans le la cité minière de Durba en territoire de Watsa, 340 kilomètres d'Isiro dans le Haut-Uele n'en finit pas. Vendredi 1 mars, la société civile de l'entité a manifesté, dans les rues de Watsa, son indignation face à l'écroulement de cet ouvrage d'importance capitale pour la vie économique de toute la province, voire de la sous région.
Dans son mémorandum remis à l'administration territoriale, la société civile parle d'une misère expressément imposée par le comité de sécurité en place chapeauté par l'administrateur de territoire pour avoir foulé au pied la décision de l'autorité provinciale pour la réglementation du trafic des engins sur ce pont. La structure citoyenne veut voir toute cette chaîne de commandement être déférée en justice.
" Faut-il rappeler que gouverner c'est prévoir ? Parmi les droits fondamentaux, il y a la libre circulation des personnes et de leurs biens. Alors que le pont Kibali situé sur la RN 26 est d'une importance capitale, son effondrement met toute la population en difficulté. La société civile élargie à ses composantes, dans son assemblée générale extraordinaire du 28 février, a mis en place une commission chargée d'identifier les auteurs matériels et intellectuels qui ont concouru à l'effondrement du pont Kibali suite au monnayage des passages des véhicules chargés, faire le suivi auprès des autorités jusqu'à la construction du nouveau pont. Tenant compte de la souffrance de la population de Watsa, nous avons décidé le départ immédiat de monsieur Magayi Missa Dieudonné, administrateur de territoire pour la mauvaise application du communiqué du ministre provincial du désenclavement, infrastructures et travaux publics ", a lancé la structure citoyenne.
En effet, hormis l'administrateur du territoire, la société civile demande également la poursuite judiciaire contre les responsables des services commis à ce pont pour veiller sur l'application de la mesure du gouvernement provincial : l'ANR, la DGM, TRANSCOM, PCR, FEC, FENAPEC, sociétés civiles installés en ce lieu par une décision de l'autorité territoriale, et ce, en violation de sa décision de la hiérarchie.
Entre-temps, l'administrateur de Watsa, après l'activité de la société civile, a réuni les leaders de manifestants dans son bureau pour discuter des voies de sortie de crise. Interrogé par la presse au terme de la rencontre, Dieudonné Magayi Missa n'a pas souhaité rebondir sur la question de la manifestation du jour, promettant d'évaluer les griefs mis en sa charge pour une issue concertée.
" Nous sommes tous affectés par cet événement malheureux liés à l'effondrement de ce pont. Il est prématuré au stade actuel de dévoiler la démarche que nous venons d'entreprendre. La réunion de laquelle nous sortons est une rencontre de la recherche des pistes des solutions d'abord au niveau local. Nous avons fait des propositions à court, moyen et long terme. La première alternative consiste à trouver un moyen de la traversée entre les deux cités (Durba et Watsa), en attendant la réaction de la hiérarchie par rapport à la construction du nouveau pont; voir, s'il y aura possibilité de fabriquer un bac et cela après l'expertise du service attitré dont le TRANSCOM. Des mesures d'accompagnement seront celles à soulager la population, mais dire au stade actuel que la traversée sera gratuite je vous mentirai car il n'est pas de ma compétence. S'agissant du mémorandum, c'est un droit citoyen qui revient aux organisateurs. Nous venons de les rencontrer, et les linges sales se sont lavés en famille. Nous allons évaluer les griefs et y répondre comme il faut ", a dit pour sa part Dieudonné Magayi Missa.
Il convient de rappeler que depuis l'écroulement du pont Kibali, dimanche 25 février dernier, les conséquences fâcheuses sont palpables sur la vie socio-économique de la population du Haut-Uele, avec notamment la flambée de plusieurs denrées sur le marché local depuis une semaine.
Joël Lembakasi, à Isiro