RDC : Pour le Coordonnateur du P-DDRCS Jean-Bosco Bahala, 11 ans après la signature de l'accord cadre d'Addis-Abeba, le pays a respecté ses engagements contrairement aux autres signataires

Jean-Bosco Bahala
Jean-Bosco Bahala

Samedi 24 février 2024, l’Accord-cadre d’Addis-Abeba a totalisé 11 ans depuis sa signature par 11 États et quatre institutions internationales et régionales, à savoir les Nations-Unies (ONU), l'Union Africaine (UA), la Conférence Internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) et la Communauté de Développement de l'Afrique Australe (SADC). Cet accord porte sur la paix, la sécurité et la coopération en République Démocratique du Congo et dans la région. 

À l'initiative de la Dynamique Communautaire pour la Cohésion sociale et le Développement (DYCOD-RDC), une plateforme de la société civile, une conférence s'est tenue jeudi 22 février 2024 au siège de la CENCO à Kinshasa avec comme objectif d'évaluer les forces et les faiblesses de cet accord afin de proposer des solutions durables pour le retour de la paix en RDC et dans la région. Dans son exposé, le professeur Abbé Jean-Bosco Bahala Okwi'ibale Lusheke, Coordonnateur National du Programme de démobilisation, désarmement, réinsertion communautaire et stabilisation (P-DDRCS), a noté que 11 ans après, la RDC a respecté ses engagements contrairement aux autres signataires au niveau de la région et de la communauté internationale. 

"Aujourd'hui, lorsqu'on parle de cet accord, on est en train de le critiquer, car beaucoup aimeraient qu'on puisse le revisiter, peut-être même pas seulement le revisiter, mais le revoir. Pourquoi ? On avait pris de nombreux engagements envers la République Démocratique du Congo, engagements qu'elle a respectés, notamment la démocratisation, la décentralisation, des choses qui n'avaient peut-être même pas un lien avec la guerre, la réforme des services de sécurité, etc. Le Congo, dans la réalité, a honoré ses engagements, car nous avons organisé les élections, nous en sommes à notre 4e cycle électoral, mais dans les pays voisins, allez voir chez eux, c'est à chaque fois des gens qui révisent leur constitution pour pouvoir s'éterniser au pouvoir et qui vivent dans une dictature éternelle. Nous, nous avons respecté ces engagements, mais les autres devaient aussi respecter les engagements de ne pas servir de socle pour la déstabilisation de la République Démocratique du Congo", a démontré Jean-Bosco Bahala Okwi'ibale Lusheke, Coordonnateur National du Programme de démobilisation, désarmement, réinsertion communautaire et stabilisation (P-DDRCS). 

Par la même occasion, l'ancien président du CSAC a évoqué des nouvelles propositions censées conduire à la réduction des violences. En premier lieu, il a souligné l'importance de mieux cerner ses adversaires.

"Il n'y a pas d'accord périmé, aucun accord ne périt, un accord devient périmé que si on ne l'applique pas. Hors, nous avons effectivement signé beaucoup d'accords, une quinzaine ou une vingtaine d'accords, on a des résolutions des Nations-Unies sur la question de la paix, mais depuis 30 ans, nous ne parvenons pas à avoir la paix. Ça signifie quoi ? Voilà pourquoi nous avons dit qu'il faut une autre perspective, une autre lecture, nous devons identifier qui est notre vrai ennemi ? Parce que nous signons des accords peut-être avec le Rwanda alors que ce n'est pas le Rwanda qui nous met en danger, nous signons des accords avec des mouvements rebelles CNDP, M23 alors que les rébellions sont commanditées de l'extérieur. Nous devons donc commencer un travail de lucidité lorsque nous le faisons", a indiqué l'ancien président du CSAC.

En deuxième lieu, une autre perspective pour mettre fin aux violences dans l'est du pays, il a évoqué le renforcement de l'armée pour en faire une force dissuasive et efficace au niveau de la région. Il a salué des initiatives déjà mises en place pour parvenir à la montée en puissance des Forces Armées de la République Démocratique du Congo. 

"La nouvelle perspective, c'est que nous devons avoir les moyens de défendre notre territoire. La solution réside dans la montée en puissance de l'armée. Le chef de l'État a promulgué une loi de programmation militaire afin de garantir un budget costaud pour les forces armées de la République Démocratique du Congo. L'ancien ministre de la Défense a élaboré, avec l'accord du gouvernement, un document de politique nationale de défense. Il est également nécessaire de produire un document de politique de sécurité pour le pays. Il faut aussi définir cela. Ils ont produit une loi sur la réserve armée de la défense pour dire à tous les civils congolais, à tous les anciens combattants congolais, à tous les officiers congolais en retraite et à tous ceux qui ont de l'expertise qu'ils peuvent être recrutés pour défendre leur nation, comme le font les autres nations. 

La réserve armée de la défense, c'est ce qu'on appelle la roue de secours de l'armée", a-t-il fait savoir. L’Accord-cadre d’Addis Abeba avait suscité l’espoir de lendemains meilleurs après des décennies de conflits, d’instabilité, d’exploitation et de souffrance dans la partie orientale de la RDC. Le 11e anniversaire de cet accord coïncide avec une nouvelle agression de la RDC par son voisin le Rwanda via la rébellion du M23 dans le Nord-Kivu. Cette activité se tient dans un climat de recherche de la paix et de la sécurité dans l'Est de la République Démocratique du Congo, avec en toile de fond la mise en œuvre de l'accord de Nairobi et la feuille de route de Luanda à travers notamment les dirigeants de la région. 

Clément MUAMBA