L'Association Africaine de Défense des Droits de l'Homme (ASADHO) tire la sonnette d'alarme sur une mission controversée diligentée par le ministère provincial du Plan du Sud-Kivu en collaboration avec l'Agence Nationale de Renseignement (ANR). Cette mission, qui vise à contrôler les activités des organisations de la société civile (OSC), est perçue par l'ASADHO comme une tentative de "harcèlement" et de "musellement" des voix critiques.
Le communiqué de presse publié par l'ASADHO le 12 février 2024 souligne le caractère "gigantesque" de la mission, qui implique 10 personnes et s'étale sur deux mois (du 1er février au 30 mars 2024). L'association s'interroge sur la nécessité d'une telle mobilisation de ressources et pointe du doigt l'implication de l'ANR, un service de sécurité dont la présence est jugée "intimidante" et "inappropriée".
Risques de corruption et de musellement des voix critiques
L'ASADHO craint que cette mission ne serve de prétexte pour rançonner les OSC. Des informations recoupées par l'association font état de contacts entre certains membres de la mission et des responsables d'OSC, en vue de solliciter des pots-de-vin pour influencer le rapport final.
L'ASADHO redoute également que cette mission ne vise à restreindre l'espace civique et à museler les voix critiques dans la province du Sud-Kivu. L'association rappelle que la Constitution et la loi sur les ASBL garantissent le droit d'association et la liberté d'expression des OSC.
Appel à l'action de différentes autorités
Face à cette situation, l'ASADHO appelle à l'intervention de plusieurs autorités :
- Le Premier Ministre: instruire le Ministre Provincial du Plan de mettre fin à cette mission "illégale" et "intimidante".
- Le Gouverneur de province: s'abstenir de tout acte de harcèlement ou de musellement des OSC et diligenter une enquête sur les allégations de corruption.
- L'ANR du Sud-Kivu: s'abstenir de toute immixtion dans les activités des OSC qui ne relèvent pas de ses missions.
- La Commission Nationale des Droits de l'Homme: s'assurer que les autorités du Sud-Kivu respectent l'espace civique et les droits des OSC.
L'ASADHO exhorte les OSC à se mobiliser et à faire front commun face à cette tentative de les réduire au silence. La société civile joue un rôle crucial dans la consolidation de la démocratie et la défense des droits humains, et il est essentiel de protéger son espace d'expression et d'action.
Chadrack Londe