Cardiopathie congénitale : facteurs de risque, prise en charge médicale et moyens de prévention

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Le 14 février est consacré à la Journée internationale de sensibilisation aux cardiopathies congénitales, également appelée Congenital Heart Defect Awareness Day. À cette occasion, le Desk femme d'Actualités.cd s'est entretenu avec Dr. John Senga, docteur en cardiologie pédiatrique aux Cliniques Universitaires de Kinshasa et professeur à la Faculté de Médecine de l'Unikin. 

Docteur, comment définiriez-vous la cardiopathie congénitale ?

DR Senga : C'est une malformation cardiaque qui est présente à la naissance de l'enfant. Elle peut être détectée avant la naissance ou au moment de la naissance. Souvent, on détecte les cardiopathies congénitales après la naissance, ou même à l'âge adulte.

Quelles en sont les causes ?

DR Senga : Dans la plupart des cas, la cause n'est pas exactement connue. Cependant, parmi les causes possibles, il y a des anomalies chromosomiques ou génétiques, des causes héréditaires, des infections maternelles (rubéole), l'alcoolisme maternel, certaines maladies de la mère comme le diabète, la prise de certains médicaments ou des drogues, ou lorsque la maman subit une irradiation. Mais il est difficile de coller une cause directement à une anomalie cardiaque. 

Comment se développe cette pathologie ?

DR Senga : Le cœur ne se développe pas en une pièce unique. Il y a des migrations et des modifications qui se font au cours de la grossesse. S'il y a une anomalie dans la migration, par exemple, d'un groupe de cellules ou d'une partie du cœur, il se forme alors une malformation. 

Par quels signes peut-on la reconnaître ?

DR Senga : Les signes qui conduisent à la reconnaissance d'une cardiopathie congénitale peuvent être résumés en : (a) Un essoufflement pendant les tétées ou l'activité de l'enfant ; (b) Des infections broncho-pulmonaires fréquentes ; (c) Une hypertrophie ou des troubles de croissance pondérale ; (d) Une transpiration abondante ; (e) Une coloration anormale appelée cyanose, elle apparaît au niveau des lèvres, de la langue ou des ongles de l'enfant ; (f). Une déformation du thorax ; (g). Parfois une syncope, des convulsions ou même des signes d'AVC.

Quelles mesures peuvent observer les femmes enceintes pour éviter que leurs enfants n'en souffrent?

DR Senga : Pour prévenir la survenue d'une cardiopathie congénitale, la maman doit éviter tout ce qui peut être un facteur de risque. Mais aussi, lorsque une femme a un projet pour concevoir, elle peut déjà à ce moment-là prendre la vitamine B9 appelée aussi l'acide folique.

Comment se fait la prise en charge des enfants qui naissent avec cette maladie ?

DR Senga : La prise en charge est soit médicale (on donne des médicaments à l'enfant pour éviter que le cœur ne se fatigue pas), soit on peut opérer chirurgicalement ou par cathétérisme cardiaque. Mais il y a certaines malformations qui ne nécessitent pas de traitement, tout comme il y a celles qui sont incurables.

Quels sont les premiers soins à observer à domicile en cas d'atteinte de cette maladie ?

DR Senga : En cas de découverte de la cardiopathie avant la naissance, il faut tout faire pour que l'enfant naisse dans un hôpital où on peut déjà le prendre en charge dès les premiers moments de sa vie. À la naissance, on peut refaire une échographie cardiaque pour faire une évaluation complète et envisager un traitement. Mais il faut avouer qu'il y a un petit nombre de malformations cardiaques congénitales qui sont si graves et complexes qu'aucun traitement n'est possible. Dans ce cas, apporter du réconfort aux parents, surtout la maman, et attendre que la nature agisse.

Propos recueillis par Nancy Clémence Tshimueneka