Recrudescence de l’insécurité dans la ville de Goma : l’assassinat d’un changeur de monnaie porte à au moins cinq  civils tués en une semaine 

1
Goma, rond-point Chukudu.

Un changeur de monnaie et revendeur des crédits téléphoniques a été tué dans la nuit de jeudi à ce vendredi dans la ville de Goma. Selon ses proches, des bandits armés se sont introduits à son domicile, situé au quartier Majengo, vers 1h du matin et lui ont logé plusieurs balles avant de se volatiliser dans la nature avec argent et plusieurs autres biens de valeur pillés. La victime, nommée Baraka, est décédée sur le champ.

« Le jeune homme a été assassiné hier à 1h du matin. Des bandits non identifiés ont fait incursion chez lui pour des raisons qu'on ignore encore. Toutefois, le jeune est un entrepreneur. Il était cambiste (informel) en même temps revendeur des crédits prépayés, tous réseaux confondus. Selon mes analyses et plusieurs personnes, le jeune serait tué par quelqu'un qu'il aurait endetté et en difficulté de rembourser l'argent. Parce que le regretté Baraka donnait des crédits aux nécessiteux, mais à rembourser avec intérêt », témoigne un de ses proches qui a préféré garder l’anonymat pour sa sécurité. 

Selon le président du conseil communal de la jeunesse de Karisimbi, Claude Rugo, c’est au moins trois civils sauvagement abattus dans cette commune, depuis le début de l’année. À cela s'ajoutent des pillages, presque chaque nuit, des biens de la population par des bandits armés non autrement identifiés. Claude Rugo appelle au renforcement des mesures de sécurité dans la ville de Goma. 

« Il y a des inciviques qui ont tiré sur lui à balles réelles. Il a automatiquement perdu la vie. La seule chose qu'on est en train de fustiger est que dans seulement l'intervalle de trois jours, on a deux cas d'assassinat au quartier Majengo. Et quand nous essayons un peu d'observer la position des services de sécurité face à ces assassinats qui ne cessent de troubler la quiétude de la paisible population, nous constatons qu'il y a un silence qu'on condamne avec la dernière énergie », dit Claude Rugo. 

Et d'ajouter : 

« Du côté du conseil, on aimerait que les autorités nous fassent de meilleures stratégies pouvant faire face à cette insécurité qu'on est en train de subir ces derniers temps dans la commune de Karisimbi. Que de commencer à nous produire des mesures pour arrêter la circulation des motos à 18h. Pour nous, ce n'est pas la solution durable qui peut nous ramener la paix mais plutôt les autorités doivent revoir des mesures de sécurisation des habitants. Quand la ville commence à perdre des citoyens, en l'intervalle d'une semaine seulement, les autorités doivent y réfléchir pour qu'il y ait la paix ». 

Ce énième cas d’insécurité se produit alors que les autorités venaient de décider de l’interdiction des motos taxis au-delà de 18h locales, pour des raisons de sécurité. Une mesure décriée par plusieurs habitants qui se disent pénalisés. Cette dernière a fait l'objet, jeudi, d'une réunion du comité provincial de sécurité, élargie aux associations des taxis moto et acteurs de la société civile. Il a été décidé de l'observance de cette mesure, pendant, au moins 10 jours avant que l’Autorité provinciale ne prenne une autre mesure. Du coup, le prix du transport en commun dans des taxis bus  et autres engins roulant a doublé voire triplé pendant les heures vespérales. Une course qui coûtait 1 000 FC se négocie entre 2000 et 3000 FC. 

En plus, depuis le début de l’année, trois cas de kidnapping ont été enregistrés. Le premier est celui d’un enfant de 3 ans kidnappé depuis le 3 janvier au quartier lac vert. Le deuxième est celui d’une jeune fille, étudiante à l’Université libre des pays de Grands Lacs (ULPGL/Goma) qui a été enlevée depuis la journée du lundi par des inconnus alors qu’elle se rendait à la faculté. Le 3ème cas est celui d’un jeune garçon âgé de moins de 10 ans qui a été enlevé des personnes non identifiées à bord d'une jeep alors qu’il revenait à l’école à Don Bosco Ngangi ce mardi 9 janvier.

Jonathan Kombi, à Goma