RDC-ADF: mort confirmée du chef ADF Mussa Kamusi, chargé de liaison avec le groupe terroriste Al Sunnah de Mozambique

Mussa Kamusi
Mussa Kamusi/Ph. droits tiers

Les armées congolaise et ougandaise confirment la mort du chef ADF, Mussa  Kamusi, présenté comme point focal qui assurait la liaison entre la rébellion d'origine ougandaise ADF et le groupe terroriste Al Sunnah de Mozambique.

Selon le porte-parole adjoint des Forces de défense du peuple ougandais (UPDF), sa mort est intervenue mercredi 27 décembre lors d’un raid mené par l’armée ougandaise dans le parc de Kibale toujours en Ouganda.

« C’est à 9 heures locales que Kamusi a été tué. Nous avons récupéré sur lui une mitrailleuse PKT, deux engins explosifs improvisés (EEI) et des munitions », a déclaré à la presse ougandaise le colonel Deo Akili, porte-parole adjoint de l’UPDF.

En RDC voisine où opèrent également les ADF, les services de renseignements militaires confirment également la mort de ce commandant ADF. Il a été abattu avec « ses deux escortes », précise, à ACTUALITE.CD, un officier de renseignements qui espère que la neutralisation de Mussa  Kamusi va impacter sur l’activisme de ce groupe terrorisme affilié à l'État islamique dans la région.

« Le mouvement sera affaibli car Moussa Kamusi était un des leaders redoutables de l’ADF. C’est lui qui était auteur de plusieurs massacres des civils dans la vallée de Mwalika et même des embuscades sur la route Beni-Kasindi », a révélé, à ACTUALITÉ.CD, cet officier supérieur travaillant dans les renseignements militaires à Beni.

Ancien Iman à Kasindi

Moussa Kamusi n’était pas seulement connu comme commandant ADF dans la zone. Avant d'intégrer le mouvement, il a servi comme responsable religieux, notamment comme Iman de la mosquée de Kasindi, cité congolaise frontalière avec l’Ouganda d'où il avait rejoint le groupe ADF. 

Mais après une période d'activisme dans le groupe, il avait été capturé par l'armée congolaise en pleines opérations dans le secteur de Rwenzori, puis transféré pour détention à Beni avant d'être libéré lors de l’attaque ADF qui avait visé la prison centrale de Kangbayi  de Beni en octobre 2020. 

Sa liaison avec Al Sunnah

Depuis un temps, des chercheurs ne cessent d'évoquer des liens probables entre les ADF et d'autres groupes terroristes affiliés à l'État islamique dont Al Sunnah qui opère en Mozambique. Et dans cette liaison avec Al Sunnah, c'est Mussa Kamusi qui serait chargé de recruter en RDC des combattants au profit du groupe mozambicain, à en croire des sources de ACTUALITE.CD. D'après nos sources, il recrutait des jeunes dans la cité de Kasindi et en ville de Beni et les envoyait au Mozambique. " Ces recrues suivaient l’itinéraire Beni-Goma-Bukavu-Uvira et Tanzanie ", révèle notre source, qui a préféré garder l’anonymat.

Bien avant sa neutralisation, Kamusi avait participé au massacre de 42 élèves dans une école privée à Mpondwe en juin dernier,  aux côtés d’un autre chef ADF du nom de Abou Akasi. Après ce massacre, il était resté opérationnel en Ouganda et au bord du lac Edouard. Il est d’ailleurs présenté comme l’auteur du massacre de deux touristes tués en octobre dernier dans le célèbre parc national ougandais Queen Elizabeth.

Ce chef ADF n’est pas le premier leader du mouvement  à être donné pour mort. D’autres leaders du mouvement ont également été donnés pour morts. C’est le cas de Kayiira Mohamed, tué en février 2018 dans la vallée de Mapobu lors des affrontements avec les FARDC. Deux ans plutôt, Rashid Hood Lukwago, commandant général des ADF, avait été tué en 2016 au cours d’une opération de l’armée congolaise à Kimbau dans le territoire de Beni. Cela, une année seulement après la mort d’un autre chef ADF Kasada Karume, tué en avril 2015 lors d’une attaque d’un camp rebelle à une centaine de kilomètres de Beni, mais aussi Richard Mugisha, donné pour mort sans confirmation, moins encore un détail.

Pour l’instant, ces captures et neutralisations des chefs ADF annoncées ce dernier temps ne permettent pas de présenter le mouvement comme étant affaibli car à la disparition d’un leader, la rébellion toute aussi discrète se réorganise et résiste. 

Replié sur le territoire congolais en 1995, l’ADF allonge la liste des groupes rebelles écumant l’Est du Congo. La rébellion est active à Beni ainsi qu’à Mambasa et Irumu ( Ituri), où ses militants continuent à commettre des meurtres, enlèvements, incendies des maisons, pillages et enrôlement d’enfants soldats.

Yassin Kombi