Dans le cadre du projet d´appui au rôle des femmes médiatrices et ambassadrices de paix, la plateforme Sauti ya Mama Mukongomani (en français, La voix de la femme congolaise) a réuni du 12 au 13 décembre 2023 à Maluku (Kinshasa), 40 femmes des déplacées de Kwamouth (Mai-Ndombe) autour d’un agenda de paix. L’objectif est de les amener à s'approprier la résolution 13/25 du Conseil de sécurité des Nations unies.
« Cette résolution veut que la femme participe dans le processus de paix et dans les instances de prise de solution. Et la présence de ces femmes en tant que premières victimes des violences de Kwamouth va nous permettre de recueillir les vrais besoins des déplacés pour élaborer un cahier de charges répondant à leurs difficultés. Mais aussi préparer les femmes aux actions de plaidoyer qui seront organisées aux niveaux local, national et régional », a expliqué Nelly Lumbulumbu, coordonnatrice Sauti ya Mama Mukongomani, plateforme active dans les initiatives de paix et de défense des droits de la femme notamment dans l’Est congolais.
Ce dialogue axé sur l’agenda de paix est mené en faveur des femmes déplacées de Rutshuru, Nyiragongo, Masisi vivant dans les sites autour de Goma, mais aussi au Sud-Kivu et en Ituri.
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Pour le cas de Kwamouth, les femmes déplacées préconisent le dialogue entre les communautés Teke et Yaka à base de conflit, en vue d’une solution pour le retour de la paix dans leurs villages.
« Nous ne voulons plus de cette guerre. Nous avons perdu beaucoup de nos proches, et tous nos biens. Nous les femmes avons subi toutes sortes de violences (viol, tortures, massacres). C'est pourquoi nous demandons au Chef de l´Etat d'organiser un dialogue entre les Teke et Yaka pour mettre fin à ce conflit », a confié Evodie Milolo, l'une des victimes.
Le projet est financé par Women Fund Peace and Humanitarian (WFPH), qui est un fond d’Onu-Femmes à travers Cordaid.
Pour rappel, ce conflit entre Teke et Yaka a éclaté en juin 2022, suite à un désaccord sur la redevance coutumière fixée par les autorités traditionnelles Teke. Cette situation a provoqué une détérioration brusque de la situation humanitaire et sécuritaire, des pertes en vies humaines, des blessés, des violations des droits humains, des incendies de maisons, d'écoles, de structures sanitaires, des pillages de biens et des moyens de subsistance.
Selon le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA), le nombre des déplacés s'élève jusque-là à 161.000 personnes. Plus de 300 personnes ont été tuées, selon Human Rights Watch.
Nancy Clémence Tshimueneka