Martin Fayulu poursuit sa tournée de campagne électorale dans l’est du Congo. Après Beni mardi, le candidat malheureux à la présidentielle de 2018 est arrivé ce mercredi 29 novembre à Butembo (Nord-Kivu) en vue de resolliciter le vote des bobolais (habitants de Butembo, ndlr) qui l’ont ovationné en 2018 mais écarté au vote présidentiel suite, officiellement, aux crises sécuritaires liées à la guerre des ADF et sanitaires liés à l’épidémie d’Ebola qui faisaient rage dans la région.
Dans son adresse de près de 40 minutes à la place VGH, sous une fine pluie, Martin Fayulu a affirmé aux habitants qu’il attend entreprendre une série de réformes institutionnelles une fois élu président de la République.
Elargir le budget de l’Etat
A ce sujet, il promet doter l’Etat congolais d’un budget conséquent en vue d’aider le pays à financer son développement.
« Le Congo n’est pas un pays à avoir un budget de 5, 10, 15 milliards ou même 20 milliards de dollars américains. Non. Dans notre programme, pour les cinq années à venir, nous allons avoir un budget moyen (annuel) de 38 milliards de dollars américains. Pour les cinq ans (du mandat), 190 milliards de dollars », ambitionne-t-il, sans expliquer comment il compte s'y prendre pour mobiliser ces moyens.
Autres réformes constitutionnelles
Martin Fayulu compte également réviser la constitution pour réformer certaines dispositions de celle-ci, premièrement celle relative à l’élection présidentielle. Lui ne voit pas le nombre ou la durée du mandat, mais plutôt le tour du scrutin.
« Autres réformes, c’est dans la constitution. Nous voulons que l’élection du président de la république revienne à deux tours », indique-t-il.
Depuis 2011, le mode de scrutin en RDC est un scrutin à un tour : le président est élu à la majorité simple des suffrages exprimés. D’après des spécialistes, le scrutin à un tour favorise les sortants.
L’autre réforme envisagée par Martin Fayulu, est celle de la nationalité congolaise. Dans son meeting, il a révélé avoir mené des consultations qui suggèrent qu’un congolais peut détenir plus d’une nationalité, exceptée celles des pays limitrophes (Rwanda, Ouganda, Burundi, Tanzanie, Zambie, Angola, Congo-Brazza, Centrafrique, Soudan du sud).
« Nous avons discuté avec certains d’entre vous à Bukavu, Goma et Beni au sujet de la nationalité congolaise : est-ce que vous voulez que notre nationalité reste une et exclusive ? La solution que vous-mêmes avez proposé et que nous avons accepté est que la nationalité congolaise peut-être partagée avec une autre, sauf avec celles de neuf pays limitrophes. (Donc) un congolais peut détenir une autre nationalité avec celle du Congo sauf les neuf pays limitrophes », soutient-il.
Ces réformes envisagées sont contenues dans la politique de gouvernance que compte mettre en œuvre Martin Fayulu, une fois élu. Politique contenue dans son manifeste intitulé « Congo ekolo moko », programme peaufiné lors d’une retraite tenue en juillet 2022 à Kisangani (Tshopo). Dans ce manifeste, Martin Fayulu note quatre fondations nécessaires à poser en vue de construire le Congo. Il s’agit premièrement de la défense de l’intégrité territoriale en vue de pacifier et assurer la sécurité du pays. Pour y arriver, Madidi promet de construire, équiper et motiver l’armée. « Un Etat sérieux ne soustraite pas sa sécurité », décrivant des accords qui autorisent aujourd’hui l’intervention des forces multinationales ou des sociétés de sécurité privées dans l’est de la RDC. La deuxième fondation, c’est l’instauration de l’Etat de droit, la troisième la cohésion nationale et la quatrième la gouvernance intègre pour combattre le vol des deniers publics.
Toutefois, contrairement en 2018 ou Martin Fayulu, candidat commun de l’opposition, bénéficiait d’un appui important d’alliés de circonstance, dont Antipas Nyamwisi dans la région, en 2023, MAFA est apparu seul à Butembo. Pour la mobilisation, il a compté sur le député de son parti, Jean-Baptiste Kasekwa qui a quitté son fief électoral de Goma en vue de préparer le terrain dans un Grand-Nord-Kivu dont il est originaire. Signe d’absence d’alliés dans la zone, aucun autre drapeau que celui de ECIDE n’a flotté à la place VGH. Mais le public était là : des centaines d’habitants venus communier avec l’homme qu’ils ont porté au cœur en 2018.
Claude Sengenya