Martin Fayulu poursuit sa tournée de campagne électorale dans l’est du Congo. Après Beni mardi, le candidat malheureux à la présidentielle de 2018 est arrivé ce mercredi 29 novembre à Butembo (Nord-Kivu) en vue de resolliciter le vote des bobolais (habitants de Butembo, ndlr) qui l’ont ovationné en 2018 mais écarté au vote présidentiel suite, officiellement, aux crises sécuritaires liées à la guerre des ADF et sanitaires liés à l’épidémie d’Ebola qui faisaient rage dans la région. Arrivé sous une fine pluie en début d’après-midi, Martin Fayulu s’est dirigé à la place VGH pour un meeting où étaient réunis des centaines d’habitants. A son arrivée au podium, des jeunes lui ont remis une chèvre en vue, d’après eux, de l’investir de tout pouvoir. « Je suis chez moi, j’accepte ce pouvoir », a lancé Martin Fayulu avant de s’adresser aux habitants.
Dans son speech de près de 40 minutes fait en français et traduit en Kiswahili par le député Jean-Baptiste Kasekwa, Martin Fayulu a décrié la souffrance qu’endurent les habitants de la région, souffrances causées par la guerre et l’« irresponsabilité des gouvernements qui se sont succédés » à la tête du pays. Il a dénoncé une tentative de balkanisation orchestrée par Kigali et Kampala.
« Lumumba avait dit non à la balkanisation du pays. (Mais) aujourd’hui avec la complicité de certains congolais, monsieur Kagame et monsieur Museveni veulent balkaniser le pays. Nous n’allons pas accepter. Nous avons un pays à défendre. Nous avons l’intégrité territoriale à défendre. Le Congo restera uni, un et indivisible », a-t-il affirmé.
Si rien ne marche au Congo, c’est parce qu’on a imposé au pays des dirigeants faibles, a soutenu Martin Fayulu, rappelant le contexte qui a entouré la présidentielle de 2018.
« On ne sait pas construire le pays parce que les autres ont décidé de nous donner des dirigeants faibles, des leaders manipulables. En 2018, vous (Butembo, ndlr) n’avez pas voté à la présidentielle. Ceux qui ont voté dans d’autres provinces m’ont donné 62,11% de voix. Cela veut dire que si Butembo, Beni-ville, Beni-territoire et Yumbi avaient voté, j’aurais eu plus de 70% de voix. Mais ceux-là ne veulent pas un dirigeant capable, un leader patriotique, un patriote affirmé, un leader compétent, un leader qui a un CV bien rempli, un leader qui peut articuler les problèmes du pays. Le président du pays (doit être) élu par son peuple », a-t-il déclaré, avant de s’agenouiller et exhorté Dieu de lui accorder, cette fois le pouvoir, en vue de développer le Congo, un pays qui retarde, d’après lui, le développement de l'afrique, malgré ses potentialités : « lait, miel, lacs, rivières, fleuve, minerais de toute sorte, terres rares, … ».
Pour relever les défis congolais, Martin Fayulu dit avoir quatre fondations à poser. Il s’agit premièrement de la défense de l’intégrité territoriale en vue de pacifier et assurer la sécurité du pays. Pour y arriver, Madidi promet construire, équiper et motiver l’armée. « Un Etat sérieux ne soustraite pas sa sécurité », décriant des accords qui autorisent aujourd’hui l’intervention des forces multinationales ou des sociétés de sécurité privées dans l’est de la RDC. La deuxième fondation, c’est l’instauration de l’Etat de droit, la troisième la cohésion nationale et la quatrième la gouvernance intègre pour combattre le vol des deniers publics.
Toutefois, contrairement en 2018 ou Martin Fayulu, candidat commun de l’opposition, bénéficiait d’un appui important d’alliés de circonstance, dont Antipas Nyamwisi dans la région, en 2023, MAFA est apparu seul à Butembo. Pour la mobilisation, il a compté sur le député de son parti, Jean-Baptiste Kasekwa qui a quitté son fief électoral de Goma en vue de préparer le terrain dans un Grand-Nord-Kivu dont il est originaire. Signe d’absence d’alliés dans la zone, aucun autre drapeau que celui de ECIDE n’a flotté à la place VGH. Mais le public était là : des centaines d’habitants venus communier avec l’homme qu’ils ont porté au cœur en 2018.
Claude Sengenya