Café Dodo, une icône de la chanson éducative congolaise, tire sa révérence

Photo d'illustration
Café Dodo en prestation aux Francolies à Kinshasa en 2015

Après soixante-sept ans d'existence, dont trente consacrés à sa carrière musicale, l’artiste chanteur, guitariste, auteur-compositeur, interprète, griot et moraliste congolais Corneille Massamba Makela, plus connu sous le pseudonyme Café Dodo, a tiré sa révérence ce samedi 25 novembre. Cette nouvelle attriste profondément la sphère musicale et culturelle congolaise, compte tenu de sa brillante carrière et des circonstances de son décès.

Maître des comptines pédagogiques destinées aux enfants, Café Dodo a connu son apogée dans les années 1990. Pendant plus de dix ans, il a su maintenir le cap de la chanson éducative, malgré les évolutions du monde de la musique et une longue maladie qui ont affaibli son parcours.

Quasiment oublié, l’artiste avait lancé un SOS au mois de juin dernier aux ministres de la Culture, des Arts et du Patrimoine, ainsi que de la Santé publique, de l'Hygiène et de la Prévention pour obtenir une prise en charge médicale à la Clinique Ngaliema de Kinshasa. Une demande à laquelle il n'a pas eu accès. Le pire scénario s’est finalement réalisé en cette fin d’année, par manque de moyens financiers pour des examens approfondis dans un centre hospitalier spécialisé.

Avec ses divers thèmes abordés dans différents lieux, notamment les écoles, Café Dodo a égayé l’enfance de nombreux adultes congolais. Des titres tels que “Lokoso” et “A, b, c, Yekola ko tanga” sont restés gravés dans les mémoires, faisant de lui non seulement un musicien, mais également un véritable éducateur de masse.

L’une de ses prestations les plus marquantes a eu lieu lors des Francofolies à Kinshasa, en 2015. Café Dodo a enchanté les enfants dans le volet junior du festival axé sur la campagne d’inscription des enfants à l’école. Il s’est produit aux côtés d'artistes tels que Lexxus Légal, Fabregas, Papa Wemba ou encore Fiston Sai-Sai.

L'artiste ne meurt jamais, dit-on. L’homme s’est éteint, mais il laisse derrière lui un héritage musical remarquable, rempli de comptines pédagogiques qu’il convient de préserver et d'exploiter judicieusement pour les générations futures. Avec ingéniosité, à travers sa voix soyeuse et sa guitare, il a su transmettre passion et connaissance aux plus jeunes.

Pour l'heure, le recueillement a lieu dans la commune de Bandalungwa, dans sa maison. Fans, élèves, voisins, familles, partagent leurs souvenirs alors que la perte demeure d'une grande importance.

Emmanuel Kuzamba