RDC: accalmie relative sur les lignes des combats après la reconquête de Kishishe par le M23, situation humanitaire alarmante de nouveaux déplacés 

Des déplacés vident le site de Kanyaruchinya pour se diriger vers Goma
Des déplacés vident le site de Kanyaruchinya pour se diriger vers Goma

Une accalmie s'observe depuis pratiquement 48 heures sur presque toutes les lignes des combats dans les territoires de Rutshuru, Masisi et Nyiragongo (Nord-Kivu). Aucune détonation d’armes n'a été entendue ce jeudi. Plusieurs sources locales confirment cependant que la situation demeure imprévisible. C'est le cas de Kishishe, village martyr, situé dans la chefferie de Bwito (territoire de Rutshuru), réoccupé depuis mardi par les rebelles du M23 où les jeunes patriotes, appelés communément «  Wazalendo », s'apprêteraient à lancer une contre-offensive. 

«  Nos jeunes Wazalendo ne sont pas très loin de Kishishe. Ils sont en train de se préparer pour reprendre Kishishe. Seulement, plusieurs habitants ont vidé Kishishe, Bambo et environs. Ils sont actuellement à Kibirizi. D'autres ont avancé jusqu’à Kanyabayonga », explique un acteur de la société civile locale. 

A Kibirizi, dans le groupement Mutanda, toujours dans la chefferie de Bwito, une psychose règne depuis la réoccupation de Kishishe par les rebelles du M23. Ici, de nombreux déplacés vivent dans la précarité. Les sources administratives locales estiment à plus de 150 000 ménages qui se sont déplacés, depuis la reprise des hostilités, il y a de cela plus de trois semaines. 

«  Les gens souffrent énormément. Je suis en déplacement ici à Nyanzale avec ma population. Certains compatriotes sont à Kibirizi, à Mabenga, d'autres encore à Kanyabayonga. Nous n'avons accès à aucune assistance. Nous demandons à l’État ainsi qu'aux humanitaires de nous venir en aide », plaide pour sa part Gédéon Rubaka, fonctionnaire délégué ad intérim du gouverneur dans le groupement de Tongo. 

La reprise des hostilités, en cette période des récoltes poussent de nombreux habitants à abandonner leurs produits de champ en faveur des protagonistes. 

«Nous en appelons à la fin des hostilités. La guerre éclate alors que les habitants voulaient récolter leurs haricots. Les gens fuient et laissent derrière eux toutes leurs récoltes. On risque d’enterrer les gens à cause de la famine. Que cette guerre cesse. En attendant, les humanitaires devront se mobiliser pour assister des milliers des déplacés qu'on vient d’enregistrer à nouveau », dit  Isaac Kibira, fonctionnaire délégué adjoint du gouverneur dans la chefferie de Bwito. 

Entre-temps, les rebelles du M23 consolident leurs positions dans des localités, nouvellement reoccupées. Plusieurs sources de la société civile alertent sur le renforcement en hommes et munitions des rebelles du M23 dans les territoires de Rutshuru et de Nyiragongo. L’objectif, pour l’ennemi, serait de s’accaparer du site minier de la société minière du Kivu (SOMIKIVU), situé dans le territoire de Rutshuru. 

Les affrontements entre les rebelles du M23 et les jeunes patriotes, appelés communément «Wazalendo », ont repris le mardi 14 novembre  dans le groupement de Bambo, chefferie de Bwito, dans le territoire de Rutshuru. Nos sources dans la zone confirment que le M23 a réussi à reprendre le contrôle d'une grande partie de Kishishe avec comme objectif d'avancer jusqu’à Kibirizi. Le chef coutumier de la chefferie de Bwito, le Mwami Raphaël Nyamulagha Bukavu Kikandi 3, a confirmé à ACTUALITE.CD que ces affrontements ont provoqué de nouveaux déplacements des habitants vers des zones jugées sécurisées. 

Jonathan Kombi, à Goma