La Cour constitutionnelle a rendu publique le 30 octobre la liste définitive des candidats à la présidentielle. Au total, 26 candidats dont deux femmes ont été validés. Joëlle Bile et Marie José Ifoku sont toutes les deux issues de la société civile et se présentent respectivement comme candidate de l'amélioration de ce qui n'a pas marché et la rupture du système de prédation par la "Kombolisation" pour la renaissance de la RDC.
Les Kinoises rencontrées ce mercredi saluent le courage et l'assiduité dont ont fait montre les deux candidates, mais restent pessimistes quant à leur victoire à la présidentielle de décembre prochain.
« Je suis contente de voir les deux candidates déterminées à participer à la présidentielle. » Nous aimerions qu'en 2028 au minimum dix femmes puissent également s'engager. Cependant, s'agissant de mesdames Bile et Ifoku, leur victoire aux élections ne sera pas du tout facile pour ne pas dire impossible. On ne les sent pas sur le terrain. Personnellement, je connais Marie José ifoku parce qu'elle se présente à la présidentielle, mais sur le terrain, elle est plus présente dans les ONG des femmes, avec son initiative "ekoki" qui a connu la décadence lorsque l'état de siège a été décrété à l'Est. Et la première fois que j'ai entendu parler de Joëlle Bile, c'est le jour de la validation de sa candidature par la cour constitutionnelle. C'est là que j'ai su qu'il y a une dénommée Bile en course à la présidentielle," explique Pretty Kabamba, étudiante à l'UPN.
Et de renchérir
"Au cas où l'une d'elles parvenait à être élue présidente, je lui suggère de commencer par restaurer le secteur agricole en RDC, réhabiliter les chemins de fer, réhabiliter ou construire des routes secondaires, repenser l'éducation et la santé pour améliorer les conditions de vie des Congolais".
Cathérine Kabengele, assistante à l'Université de Kinshasa, estime, quant à elle, que les deux candidatures féminines ont été validées pour question d'inclusivité et de représentativité des femmes à tous les niveaux d'élections. Elle ne croit pas non plus à leur victoire aux prochaines élections.
"Je ne crois pas que ces femmes pourront remporter ces élections et mieux gérer le pays parce qu'elles ne sont pas plus connues dans l'opinion publique que les hommes qui sont avec elles dans la course. » À cela s'ajoute le fait qu'avec ce qu'on est en train de vivre actuellement, si une femme parvenait à remporter ces élections, ça nous plongerait davantage dans une situation difficile. Il y a beaucoup à faire dans ce pays au niveau sécuritaire, social, économique, à cela s'ajoute le tribalisme qui gangrène notre société pour le moment. Connaissant la femme, elle ne pourra pas être dynamique pour relever tous ces défis."
De son côté, Joséphine Mbala pense que le fait d'être femme ne fait pas de Joëlle Bile ou Marie-José Ifoku l'espoir du peuple congolais. Pour elle, la gestion de la République n'est pas liée au sexe du dirigeant, mais à ses compétences et son projet de société.
"Elles n'ont pas assez de chance pour remporter ces élections, étant donné qu'elles n'ont pas une assise politique nationale. Elles ne sont pas assez connues même à Kinshasa. En plus, elles ne communiquent pas assez sur leurs programmes ou projets de société. Le slogan de Marie-José IFOKU est trop populiste. Joëlle Bile semble, quant à elle, être plus réaliste. On ne saura pas développer ce pays si chaque fois qu'il y a un nouveau dirigeant, on doit faire table rase et tout recommencer. Je trouve que le Congo a besoin d'un dirigeant capable de s'appuyer sur l'héritage positif de ses prédécesseurs et continuer à bâtir cette nation. Pour moi, que le Président soit une femme ou un homme a très peu d'important au final. Le plus important, c'est son projet de société et ses compétences."
Pour Antho Mbalabu, enseignante dans une école de Ngaba, les deux candidates ne pourront pas remporter la présidentielle parce que la femme n'est pas encore prise à sa juste valeur en RDC.
"Joëlle Bile et Marie-José Ifoku pourront remporter ces élections si elles ont des projets solides. Elles sont toutes deux intelligentes, elles ont du caractère et une bonne vision, mais seulement, nombreux sont les électeurs qui estiment qu'une femme ne peut pas diriger le pays. Ces préjugés continuent à limiter la femme."
Pour les scrutins électoraux de décembre, les femmes représentent 7 % pour la législature nationale, 25 % pour la députation provinciale et 7 % pour la présidentielle, selon le cadre permanent de Concertation de la Femme Congolaise (CAFCO).
En RDC, les élections présidentielle, législatives et communales sont prévues le 20 décembre prochain. Entre-temps, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) avance dans l'exécution de son calendrier.
Après la validation de la liste définitive des candidats présidents par la Cour constitutionnelle, la CENI s'apprête à lancer la campagne électorale.
Nancy Clémence Tshimueneka