Procès Stanis Bujakera : début de l’instruction sur les préventions, mais en attendant la prochaine audience le 3 novembre, la défense sollicite une autre expertise au regard des contradictions du ministère public

Stanis Bujakera
Stanis Bujakera

Une nouvelle audience a eu lieu ce vendredi 20 octobre à la prison Makala dans le procès Satanis Bujakera. Le tribunal de Grande instance de Kinshasa-Gombe a entamé l’instruction de l’affaire sur le fond. La prévention de fabrication du sceau de l’Agence nationale de renseignement (ANR) était particulièrement évoquée.

« Le ministère public a estimé que c’est Stanis  Bujakera qui a fabriqué le faux sceau alors que nous avons estimé qu’il devait y avoir une comparaison avec un spécimen officiel de l’ANR pour qu’on puisse déterminer que c’est réellement un faux, puisqu’il n’y a pas d’éléments de comparaison pour permettre au ministère public de dire que réellement c’est un faux sceau. Nous continuons de dire que ce n’est pas notre client qui l’a fabriqué », a dit à ACTUALITE.CD Me Ndikulu Yana, porte-parole du collectif d'avocats de Stanis Bujakera.

Pour étayer son argumentaire, la défense a formulé trois principales demandes, dont la réquisition de l’ANR pour apporter le seau original qui figure sur le document qui est à la base de l’arrestation de M. Bujakera.

« Nous avons demandé au tribunal de prendre un jugement avant dire droit ordonnant à l’ANR d’amener un spécimen du sceau du département d’où proviendrait le rapport, nous avons demandé à ce que ses téléphones qui étaient au niveau du ministère public puissent être amenés au tribunal et [enfin] qu’un expert fasse une expertise si en partant de son téléphone, Stanis a reçu et envoyé le document. C’est là où se trouve la contradiction du ministère public parce qu’à un moment il dit que [Stanis] a reçu, il a renvoyé et encore a fabriqué », a ajouté Me Ndikulu Yana.

Le tribunal n’a pas répondu à ces trois demandes au cours de l’audience de ce vendredi. La défense promet d’y revenir à la prochaine audience prévue le 3 novembre.

« Le tribunal nous a dit on renvoie à deux semaines pour continuer l’instruction et éventuellement pour plaidoirie. Or, c’est un droit du prévenu d’une partie de demander à ce qu’on puisse commettre un autre expert lorsqu’il n’a pas confiance à un expert », a souligné l’avocat.

Arrêté le 8 septembre dernier à l’aéroport de N’djili à Kinshasa, Stanis Bujakera est accusé de « faux en écriture, falsification des sceaux de l’Etat », « propagation de faux bruits », et « transmission de messages erronés et contraires à la loi ». Stanis Bujakera a été conduit à la prison de Makala le 15 septembre dernier et sa détention avait été confirmée pour 15 jours pour des besoins d’enquête par le tribunal de paix de Kinshasa-Gombe. Depuis, aucune nouvelle décision pour renouveler sa détention avait été prise, ce qui selon ses avocats la rend irrégulière.

Depuis près de deux mois, Stanis Bujakera est en prison. « Il est ici totalement en détention irrégulière », avait déploré son avocat. Pour sa part, le procureur avait indiqué que le prévenu est un résident américain et risquait d’échapper à la justice.