Festival Pianos de Kinshasa : clap de fin pour la troisième édition

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Festival Pianos de Kinshasa 3/Photo droits tiers

La ville de Kinshasa a connu pour la troisième fois son festival consacré à l’instrument “piano”. Entre le 1ᵉʳ et le 7 octobre, la programmation artistique a connu des prestations de différents artistes en duo ou en solo, dans les terrasses ou espaces culturels. Le thème de cette année était “Intervalles”, compris comme distance qui sépare deux notes dans la musique mais également comme celle qui les relie.

Pianos de Kinshasa n’est pas qu’un festival parmi tant d’autres, il se démarque par son originalité, ses thématiques et ses initiatives. L’un des projets innovants, débuté à la deuxième édition et qui se poursuit pendant 5 ans, est celui d’imaginer et confectionner un piano congolais. Cela pour pallier le manque de cet instrument de musique à cordes frappées dont le prix d’achat n’est pas accessible au grand nombre.

Une première étape a été franchie avec le mélange d’objets pris dans les bolokos pour parvenir à ce piano congolais. Une partie du résultat obtenu dans la réflexion pendant les 10 jours du festival a été présentée le dernier jour du festival à l’académie des beaux-arts. Pour le moment, ce n’est pas encore un piano congolais, précise-t-on. C’est une réflexion sur l’utilisation des bilokos en s’inspirant de certaines caractéristiques de certains instruments congolais de musique.

Des artistes pianistes venus de Lubumbashi sous la houlette de Johann Vacher, pianiste français, ont essayé de mettre en son des matériaux, de collecter, ils ont également rencontré des luthiers et des musiciens pour la cause.

Dans l’entretemps, quatre pianos ont été offerts au festival Pianos de Kinshasa par les autorités suisses. Ce don vaut son pesant d’or tant le festival en rêvait pour garder l’équilibre de la pratique de l’art du piano dans le temps qui précède la tenue du festival mais aussi pour faire rayonner le piano à Kinshasa tout simplement.

Vingt et un artistes ont rempli la programmation de cette troisième édition et sont venus d’Allemagne, de la Suède, de la Suisse, de la France et de la Belgique, en plus des pianistes congolais. La plupart arrivait pour la première fois dans la capitale congolaise. L'effervescence, l’énergie et la vivacité des kinois ont été retenues comme élément d’influence des créations. Ce qui est différent des villes d’Allemagne, de la Suède, de Belgique et bien d’autres.

Le pianiste belge Alexander Gurning raconte même que dans les trois semaines à Kinshasa où il a fait une résidence en collaboration avec le pianiste congolais Jérémie Tshibi, il a vécu une expérience “hors du commun, exceptionnelle et même plus”.

La pianiste allemande Hanni Liang avait choisi de faire ses prestations étant accompagnée de jeunes artistes slameurs. Pour ce faire, elle a animé 5 jours d’ateliers avec 6 slameurs de Kinshasa qui étaient présents avec elle à l’ouverture à l’académie des beaux-arts et un jour avant la clôture à la terrasse Toison d’or, dans la commune de Bandalungwa. L’idée pour Hanni était de se servir de ce festival pour faire entendre la voix des jeunes.

« Pour moi, l’art et les artistes ont une mission très importante. C’était pour ouvrir la porte pour les jeunes, partager leurs voix. C’est pour cela que j’ai voulu être avec eux sur la scène. Je suis sûr que pour chaque pays, les voies des jeunes sont très importantes », a-t-elle expliqué à ACTUALITE.CD

Côté équipe d’organisation, on respire. Le soulagement est dû au fait que les concerts se sont déroulés correctement, sans rendez-vous manqué, sans incidents. Surtout, parce que les artistes ont donné le meilleur d’eux-mêmes faisant leur job jusqu’au bout et que le public kinois a répondu présent au point de surprendre David Shongo, directeur artistique du festival.

Le Festival Pianos de Kinshasa, unique en son genre en RDC et en Afrique subsaharienne, se concentre sur le piano et les pianistes. Il a pour vocation d'être un événement annuel avec des thèmes différents. Au-delà de la musique, il se veut une plateforme de réflexion sur la société congolaise, en utilisant cet instrument de musique comme point central pour aborder les réalités historiques, en particulier celles de Kinshasa.

« Dès le départ, l’idée, pour moi, c’était que la musique devienne le lieu où l’on peut réfléchir par rapport aux questions politiques, épistémologiques et sociales. Mais aussi proposer un festival de qualité qui n’est pas seulement là pour inviter des stars qui viennent et repartent. On veut plutôt créer des moments d’échanges et de partage. L’idée du festival est de construire une philosophie de coexistence », a ajouté David Shongo.

Rendez-vous du mois d’octobre dans la ville de Kinshasa depuis 2021, le Festival Pianos de Kinshasa a connu sa troisième édition en 2023. Dans la même lancée, une quatrième édition est déjà en perspective pour octobre 2024.

Emmanuel Kuzamba