Mr, Mme, Excellence, Honorable,
Comme vous le savez, l'Afrique subsaharienne offre un tableau sombre des risques liés à la santé de la reproduction. Dans cette région, 92 % des femmes en âge de procréer vivent dans des pays où l'accès à l'avortement est restreint ou pénalisé. Cela ne fait pas qu'augmenter le nombre d'avortements à risque, mais perpétue également la nature clandestine et dangereuse de la procédure. En effet, on estime à 6,2 millions, le nombre d'avortements pratiqués dans des conditions non sécurisées chaque année en Afrique subsaharienne. Ce qui représente 77% de toutes les procédures de ce type dans la région. Avec particulièrement, les taux de mortalité maternelle en République Démocratique du Congo (RDC) sont parmi les plus élevés au monde, avec 846 décès maternels pour 100 000 naissances, les avortements pratiqués dans des conditions non sécurisées contribuant de manière significative à cette statistique tragique.
Ces dernières années, le pays a fait de grands progrès en matière des droits de santé sexuelle et reproductive des femmes et jeunes filles congolaises. En effet, la ratification en 2008 du Protocole à la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples, relatif aux Droits de la Femme en Afrique dit « Protocole de Maputo » et ensuite sa publication dans le Journal Officiel, en 2018 offre à la RDC l’opportunité de renforcer le cadre légal interne, de faire évoluer les normes sociales parfois rétrogrades et avilissantes en ce qui concernent les droits des femmes.
Cependant, en dépit de ces progrès, la COVID-19 ainsi que les conflits armés à l’Est de la RDC ont entraîné un effondrement complet du système de santé et ont contribué à la précarisation de la situation sanitaire dont les femmes, les jeunes filles et les enfants sont les plus affectés. Nous, jeunes du Mouvement Youth Sprint - réunissant 23 organisations actives de la société civile, reparties à travers les différentes provinces du pays et représentant plus de 1000 jeunes activistes - sommes attristés de voir les droits des femmes bafoués en dépit des instruments légaux en vigueur.
Ensemble pour une justice reproductive
Alors que nous célébrons la Journée Mondiale pour la Dépénalisation de l’Avortement, ce 28 septembre 2023, nous, jeunes du Mouvement Youth Sprint, nous joignons aux activistes de tout bord qui se mobilisent pour défendre le droit à l’avortement sécurisé. Et ceci est de toute importance car le non-respect de ce droit oblige certaines femmes à recourir à des avortements « clandestins » menés dans des conditions sanitaires dangereuses. Ces avortements « clandestins » alimentent la mortalité maternelle à la hauteur d’environ 30% en RDC et constituent la deuxième cause de mortalité maternelle après l’hémorragie.
Le droit à l’avortement est un droit fondamental, inhérent à celui de disposer librement de son corps. Il est indispensable pour parvenir à l’égalité de genre et doit pouvoir s’exercer dans des conditions de sécurité, de respect et de dignité satisfaisantes.
La Journée Mondiale pour Dépénalisation de l’Avortement est une occasion de rappeler aux gouvernements, parlement, donateurs ainsi que partenaires technique et financiers, et à toutes les parties prenantes, la nécessité de créer un environnement favorable à l’accès des femmes aux soins complets d’avortement en améliorant les lois y relatives, en mettant fin à la stigmatisation et à la discrimination à l’égard des femmes qui recourent à l’avortement, dans le but de réduire le taux de mortalité maternelle lié aux avortements clandestins.
Cet appel à l’action vise à créer un environnement légal, communautaire et religieux favorable, permettant à la femme de jouir de son autonomie corporelle et de ses droits sexuels et reproductifs.
Nous saluons également les efforts entrepris par le gouvernement congolais et les autres institutions du pays notamment le Conseil Supérieur de la magistrature pour les efforts remarquables accomplis dans l’assainissement de l’environnement juridique et sanitaire relatifs à l’accès aux soins complets d’avortement aux filles et femmes en RDC, bien qu’il y ait encore des défis à relever.
Ainsi, nous, les jeunes du mouvement Youth Sprint, demandons au gouvernement congolais, aux politiques, autres institutions du pays, aux donateurs, aux partenaires technique et financiers et à toutes les parties prenantes plus d’engagement et d’actions concrètes afin de promouvoir et de protéger les droits de santé sexuelle et reproductive des femmes et des jeunes filles en RDC.
Concrètement, les jeunes du mouvement Youth Sprint demandent au gouvernement, parlement et aux autres institutions du pays de :
Aux donateurs, nous, jeunes du Mouvement Youth Sprint, demandons de :
Aux partenaires techniques et financiers, nous, jeunes du Mouvement Youth Sprint, recommandons de :
Tout en vous remerciant pour votre acte d’engagement, veuillez accepter Madame, Monsieur, Excellence, Honorable, à vos titres et qualités respectifs, l’assurance de notre haute considération.
Signé par les jeunes du Mouvement Youth Sprint.