Le Directeur de Publication Adjoint de Actualite.cd et correspondant de Jeune Afrique, Stanis Bujakera Tshiamala, a passé sa 13e nuit en détention. Sur le terrain, des activistes de la société civile tant au niveau national qu'international se sont récemment joints à la mobilisation lancée depuis son arrestation, demandant la libération sans condition de ce journaliste éminent, transféré à la prison centrale de Makala depuis le 14 septembre de l'année en cours.
Déplorant cette arrestation, le grand défenseur des droits de l’homme sénégalais, Alioune Tine, considère que le seul crime de ce journaliste est son professionnalisme et son respect des règles de déontologie et d’éthique. Il exige la libération sans condition de Stanis Bujakera.
"Sa détention est arbitraire et viole les obligations internationales en matière des droits humains et le respect de la liberté de la presse en RDC. Nous exprimons notre indignation par rapport à cette arrestation et à cette détention. Le seul crime de ce journaliste, c'est son professionnalisme, son respect des règles de déontologie et d'éthique de la presse. C'est même grave, en Afrique aujourd'hui en plein 21e siècle, que les journalistes qui font correctement leur travail puissent être arrêtés et détenus pour des raisons tout à fait arbitraires. Nous exigeons que Stanis Bujakera Tshiamala soit libéré et remis à sa rédaction," a plaidé Alioune Tine dans un message parvenu à ACTUALITE.CD.
L'activiste et rappeur angolais, Luaty Beirao, déplore la facilité avec laquelle les autorités se permettent d'envoyer en prison les journalistes.
"La facilité avec laquelle les journalistes sont envoyés en prison sur notre continent est effrayante. Celui-ci, Stanis Bujakera Tshiamala, est détenu dans le pays voisin pour un article qu'il n'a même pas signé," a déclaré cet activiste et rappeur angolais sur son compte Twitter.
Passy Mubalama, activiste des droits humains, a lancé un appel au gouvernement pour la libération de Stanis Bujakera en raison de la détention prolongée. Selon elle, ce journaliste a simplement fait son travail, qui consiste à informer la population.
"Nous déplorons l'arrestation de Stanis Bujakera Tshiamala en tant que journaliste. Nous pensons qu'il ne faisait que son travail, en RDC, la liberté de presse et la liberté d'expression sont garanties en tant que journaliste. Il a juste fait son travail en donnant l'information à la population. Pour nous, c'est inacceptable que le journaliste passe déjà plus d'une semaine arrêté, transféré déjà à Makala. Nous pensons que le gouvernement devrait le relâcher, car pour moi ce journaliste n'a fait que son travail, celui d'informer la population," a-t-elle déclaré dans son message.
Ida Sawyer, Directeur des Crises et Conflits de Human Rights Watch, salue le travail accompli par Stanis Bujakera Tshiamala pour fournir une information fiable à l'opinion.
"Stanis Bujakera est l'un des journalistes les plus connus et les plus respectés de la République démocratique du Congo. Il est détenu depuis plus d'une semaine, simplement pour avoir fait son travail. Des centaines de milliers de Congolais et d’observateurs dans le monde entier suivent Stanis et comptent sur lui pour obtenir des informations précises, crédibles et actualisées sur la politique, la sécurité, les droits de l'homme et bien d'autres sujets," a-t-elle fait savoir dans un message parvenu à ACTUALITE.CD.
Et d'ajouter :
"Ses reportages sont plus que jamais nécessaires à l'heure où le pays se prépare aux élections de décembre. Le journalisme n'est pas un crime. Des médias libres et indépendants sont la pierre angulaire de toute société démocratique. Human Rights Watch se joint à tant d'autres pour demander la libération immédiate de Stanis Bujakera."
Yves Makwambala, activiste de la Lucha et ancien prisonnier politique sous Kabila, a également dénoncé la détention de Stanis Bujakera qu'il considère comme une “aberration” et une “injustice.”
"C'est triste de voir un journaliste se retrouver en prison parce que certaines personnes l'ont désiré. C'est, pour moi, d'abord une aberration et une forme de vouloir taire la justice. C'est la raison pour laquelle je me suis décidé à joindre ma voix à celles des personnes qui demandent sa libération et à dénoncer cette injustice," a lancé Yves Makwambala.
Bienvenu Matumo, géographe et militant de la Lucha, se souvient du travail de Stanis Bujakera lors de la crise politique liée à la prolongation du 2e mandat de Joseph Kabila et considère que : « son arrestation d’aujourd'hui s’inscrit dans une logique de répression systématique de journalistes, des opposants, des militants par le régime de Kinshasa.”
"Stanis Bujakera est un journaliste professionnel qui m'a accordé la parole pour la première fois en 2016 durant la lutte acharnée contre la révision de la constitution, mais aussi contre Joseph Kabila qui voulait se représenter pour un troisième mandat. Son arrestation s'inscrit dans une logique de répression systématique des journalistes, des opposants, des militants, lanceurs d'alertes et toute personne qui critique sévèrement le régime socialiste de Kinshasa. Il n'a jamais interdit à quiconque de s'exprimer, à la fois sur son compte Twitter et lors d'interviews pour des médias pour lesquels il travaille. Ce journaliste est libre, et le journalisme libre est le ciment d'une démocratie," a soutenu Bienvenu Matumo.
Le journaliste Stanis Bujakera Tshiamala est accusé notamment de propagation de fausses informations et de diffusion d'un document attribué à l'Agence Nationale de Renseignements (ANR) suite à la publication d’un article sur le site de Jeune Afrique, article dont il n'est pas l’auteur. Cet article évoque un rapport de l’ANR sur les circonstances de la mort de l'ancien Ministre Chérubin Okende.
Clément MUAMBA