RDC :Ce qu’a dit Felix Tshisekedi à New York sur les cas de Stanis Bujakera et de Salomon Kalonda

Portrait de Stanis Bujakera
Portrait de Stanis Bujakera

Lors d’un déjeuner de presse à New York, en marge de l’assemblée générale des Nations-Unies, le président Felix Tshisekedi a été interrogé par Reuters et RFI sur les dossiers du directeur adjoint de publication d’Actualite.cd,  correspondant de Jeune Afrique et de Reuters, Stanis Bujakera, et du conseiller spécial de Moïse Katumbi, Salomon Kalonda.

« Je ne me mêle pas des affaires de la justice. Evidemment comme le dit la constitution,  je suis le magistrat suprême, sans juger bien sûr. je peux m’enquérir sans m’immiscer, surtout lorsque cela suscite des polémiques. Dans les deux cas que vous citez, ce sont des enquêtes qui sont en cours. Ce serait hyper maladroit de ma part d’oser faire un commentaire là-dessus ». 

Le chef de l’Etat congolais a expliqué « veiller » au respect des droits de ces individus. « Si on arrive à me démontrer que leurs droits n’ont pas été respectés,´je suis prêt à aborder le sujet », a-t-il ajouté. 

Le président Tshisekedi a en revanche insisté sur le fait que « une interpellation par une institution comme la justice, ça se constate ». 

Abordant plus spécifiquement le cas de la presse, Il a expliqué que c’était « le même principe » ailleurs en évoquant sans la citer le cas de la journaliste française Ariane Lavrilleux, à l’origine de révélations, fin 2021, sur un possible détournement égyptien d’une opération de renseignement française dans le pays et qui a été interpellé hier à Paris par des policiers de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), ce qui était dénoncé comme « une nouvelle atteinte inadmissible au secret des sources » par Disclose, le média d’investigation qui a publié l’enquête à l’époque. Felix Tshisekedi a également évoqué le cas de Julien Assange à l’origine de la publication des Wikileaks « qui a été traqué comme une bête immonde (…) parce qu’il avait divulgué des câbles diplomatiques confidentielles  » américains. 

Pour rappel, contrairement aux deux confrères étrangers, Stanis Bujakera a été arrêté et accusé par le parquet d’abord d’avoir diffusé une note confidentielle de l’ANR mettant en cause les renseignements militaires dans l’assassinat de l’ancien ministre Cherubin Okende, puis d’avoir participé à la fabrication du document. 

Le rencontre entre le chef de l’Etat et la presse devait porter autour « Forger un nouvel avenir : renforcer les relations stratégiques entre la RDC et les États-Unis ». 

Or la veille, la patronne de l’USAID, Samantha Power s’était inquiétée de « l'arrestation et le maintien en détention de Stanis Bujakera ». « Les journalistes doivent être libres de faire leur travail sans menaces ni interférences », avait-elle ajouté sur Twitter. Les principales organisations nationales et internationales de défense des droits de l’homme et en particulier de la presse ont appelé à sa libération sans condition.

Le Chef de l'État congolais a assuré “bien” aimer notre confrère emprisonné et a même rappelé  ses souvenirs de campagne électorale à l’époque couverte par Stanis Bujakera. 

"C'est un jeune homme que j'aime bien, pour la petite histoire, il a couvert notre campagne, je dis notre campagne parceque nous étions en coalition avec l'UNC de Vital Kamerhe, il était de tous les combats avec nous donc vous voyez j'ai de la sympathie pour ce jeune homme, je regrette ce qui lui arrive et je ne peux pas faire entrave à la justice de ne pas permettre à celle-ci de faire toute la lumière d'autant plus qu'on parle de mort d'homme là" a indiqué Félix Tshisekedi”

Et d'ajouter :

"Rappelez-vous, Chérubin Okende ancien ministre qui a été mon collaborateur pendant longtemps, très apprécié d'ailleurs par moi, est mort dans des circonstances suspectes qui jusqu'à aujourd'hui ne sont pas encore élucidées malgré le fait que nous avons fait appel à des enquêteurs internationaux belges, à ma demande personnelle adressée au premier ministre belges, Sud africains, Français aussi et la Monusco. Malgré tout ça, on prend les risques de désorienter l'enquête et l'opinion, je crois que ça peut intéresser la justice"

Clément MUAMBA et Sonia ROLLEY