RDC : les familles des victimes du carnage opéré par l’armée à Goma ont visité les morgues

Les secouristes de la Croix-rouge prennent en charge les corps ramassés sur le lac Kivu
Les secouristes de la Croix-rouge prennent en charge les corps ramassés sur le lac Kivu

La Cour militaire du Nord-Kivu, deux semaines après les massacres des civils par l’armée à Goma, a autorisé ce mardi, les familles des victimes à identifier les corps de leurs membres à la morgue de l’hôpital militaire du camp Katindo. Les familiers sont venus munis des photos de chaque membre de famille décédé lors du carnage des civils du 30 août dernier.

Malgré l’état de décomposition très avancé dans lequel se trouvent les corps, certains ont réussi à reconnaître les leurs à travers les habits des défunts.

“J’avais perdu deux oncles paternels et aujourd’hui je viens d’identifier un seul corps, c’est grâce aux habits qu’il portait ce jour-là que je viens de voir sa dépouille mais le corps est en décomposition. J’ai su qu’il était mort parce qu’il était sorti pour aller à la veillée à l’église Messianique, mais également, nous avons vu son corp ligoté sur une vidéo qui a circulé dans les réseaux sociaux”, a témoigné Francis Mwengehere, un membre de famille des victimes.

Certaines familles sollicitent une autopsie avant l’enterrement de certains corps.

“Le corps est à la morgue mais nous sollicitons une autopsie avant l’enterrement parce que selon les renseignements notre fille est morte d’autres choses que les balles. On l’avait poignardé dans son appareil génital. Alors, nous voulons que notre avocat puisse demander l’autopsie afin de savoir si elle a été violée avant de rendre l’âme”, a dit Christian Mbokani, père adoptif d’une victime.

Et d’ajouter :

“Cette situation pèse sur les familles qui organisent les deuils depuis le 31 août 2023 pourtant nous vivons au taux du jour à Goma. Nous demandons au gouvernement  d’organiser le plus vite possible l’enterrement digne de ces civils car il y a aussi des familles qui n’ont pas de moyens”.

Mauvaise odeur

Les corps sont gardés dans les morgues de l'hôpital militaire de Katindo, de l’hôpital provincial et de l’hôpital CBCA/Ndosho. Ceux qui habitent aux environs de la morgue de l’hôpital militaire de Katindo se plaignent déjà de l’odeur des cadavres.

“Quand les corps ont fait 4 jours dans la morgue, c’est là que nous avons commencé à sentir une odeur et aujourd’hui deux semaines déjà, certains ont d’abord déménagé du quartier et d’autres qui sont restés commencent déjà à tomber malade à cause des odeurs. Nous supplions le gouvernement d’organiser l’enterrement de ces compatriotes qui nous ont laissés afin de nous permettre aussi de respirer l’air frais”, se plaint Julienne, habitante du camp Katindo.

56 personnes ont perdu la vie dans un massacre perpétré par les forces de sécurité à Goma lors de la répression d’une manifestation anti Monusco le 30 août dernier. Le procès pour établir les responsabilités est en cours à la cour militaire du Nord-Kivu. Six militaires de la Garde Républicaine dont deux colonels sont mis en cause. Les prévenus dans cette affaire déclarent avoir été informés d’une menace imminente de l’ennemi dans la ville. Et selon le colonel Mike Mikombe, commandant de la GR et l’un des accusés, les adeptes tués dans une église étaient des “supplétifs du M23”, rébellion présente dans les territoires de Rutshuru, Nyiragongo et Masisi. 

Yvonne Kapinga, à Goma