De nombreux cas de violations des droits de l’homme continuent d'être enregistrés dans plusieurs coins des territoires de Rutshuru, Nyiragongo et Masisi occupés par les rebelles du M23. Un dernier rapport du secrétaire général des Nations Unies fait état des arrestations et exécutions extrajudiciaires.
« Dans le Nord-Kivu, le M23 s’est emparé de larges pans des territoires de Rutshuru, de Masisi et de Nyiragongo, où il a mis en place des administrations parallèles illégales, prélevant des taxes et des droits de douane et procédant à des arrestations arbitraires et à des exécutions extrajudiciaires », dit le rapport.
Ces violations sont documentées par la mission de l’ONU en dépit de sa capacité limitée de travailler dans les zones occupées par la rébellion.
« Bien que la capacité de la MONUSCO de surveiller les atteintes aux droits humains commises dans les territoires contrôlés par le M23 soit limitée, de nombreuses informations font état d’exécutions sommaires, de violences sexuelles et d’actes d’extorsion imputables au groupe », note Antonio Guterres dans le rapport.
L’année dernière, le Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme (BCNUDH) a documenté un nombre croissant d’atteintes des droits de l’homme et de violations du droit international humanitaire commis par le M23 depuis sa résurgence en novembre 2021.
« Entre janvier et décembre 2022, le BCNUDH a documenté 155 atteintes, attribuées au M23, toutes commises dans la province du Nord-Kivu, avec au moins 356 personnes (275 hommes, 46 femmes et 35 enfants) victimes d’exécution sommaire, au moins 121 personnes victimes de mauvais traitements (108 hommes, huit femmes et cinq enfants), 43 personnes (36 femmes et sept enfants) victimes de violences sexuelles. Le BCNUDH a aussi documenté 22 atteintes au droit à la liberté et sécurité de la personne, notamment par enlèvements, avec au moins 163 victimes (124 hommes, 15 femmes et 24 enfants), 38 incidents aux cours desquels des atteintes au droit à la propriété ont été documentées et quatre cas de travaux forcés avec 82 victimes (70 hommes et 12 femmes) », soulignait le BCNUDH dans son rapport.
Cette situation qui demeure alarmante a des conséquences graves sur la situation humanitaire dans la région. « Des centaines de milliers de civils ont été déplacés de force, et les intervenants humanitaires, outre qu’ils rencontrent des difficultés d’accès, ne sont pas en mesure de fournir une assistance à toutes les personnes dans le besoin. Le déplacement de civils en direction de Goma et des environs exerce une pression sur les populations locales et contribue à un climat de tension qui s’étend également à la présence de la Mission dans la ville et la région », souligne M. Guterres.
Plus d’un million de personnes se sont déplacées depuis mars 2022 suite à la guerre du M23. Parmi elles, plus de 600 000 ont trouvé refuge dans des camps, souvent surpeuplés et insalubres, aux abords de la ville de Goma.
Patrick Maki