RDC : à Kinshasa, une cérémonie officielle pour célébrer les 20 ans d'adoption du Protocole de Maputo

Photo/ Droits tiers
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Ce 11 juillet, le ministère du Genre en partenariat avec l'ONG IPAS, a organisé une conférence pour marquer la 20è année de l'adoption et domestication de la charte africaine des droits de l'Homme et des peuples, relative aux droits des femmes. Les intervenants et participants ont échangé autour de l'impact et perspectives en RDC, de cet instrument juridique. 

« Les droits de la femme, sont des droits humains. Ils ne sont ni négociables, ni discutables. Il s'agit des droits inhérents à l'existence de chaque femme et de chaque jeune fille. Entre autres, droit de vivre à l'abri de la violence y compris les violences sexuelles et basées sur le genre longtemps normalisées et considérées dans certaines régions comme preuve de virilité, droit de vivre à l'abri de l'esclavage et toute forme d'exploitation, droit d'être éduqué, droit de posséder des biens et d'hériter, le droit d'expression et la liberté de vote, le droit de posséder de son corps (…) l'égalité entre les femmes et hommes est la consécration de ces droits », a dit Jean-Claude Mulunda, directeur pays de IPAS. 

Et de renchérir, « les défis de l'égalité de genre et de l'équité dans la jouissance des droits en RDC sont énormes mais nous restons convaincus qu'avec l'engagement de tous, nous pouvons réduire ces inégalités et garantir à la jeune fille et au jeune garçon, la même chance, les mêmes opportunités dès la naissance ». 

Benoît-Pierre Laramée, ambassadeur du Canada en RDC s’est dit « convaincu que la mise en œuvre exhaustive de ce protocole va améliorer la situation des femmes et des filles congolaises », avant d’inviter le gouvernement de la RDC à réaliser son engagement. 

Mme Antoinette Kipulu, ministre en charge de la formation professionnelle a loué les efforts de tous les partenaires. Elle a cité parmi les actions réalisées, « égalité parfaite garçons et filles dans l’enseignement primaire (secteur de l’éducation) et représentation actuelle de la femme au sein du gouvernement central, estimée à 28% (secteur politique) ». Elle a aussi cité « l’intérêt que ne cesse d’accorder le Chef de l’Etat aux questions des droits des femmes. Engagement qui lui a valu le titre de Champion de la Masculinité par ses pairs, au terme de son mandat à la tête de l’Union Africaine ». 

Masculinité Positive, simple slogan ou actions concrètes ? 

Après l’aperçu et les résultats préliminaires sur la domestication du protocole de Maputo en RDC, les participants ont eu droit à trois panels. Le premier a abordé l’engagement des hommes pour les droits des femmes en RDC. Yves Bunkulu, ministre de la Jeunesse, Albert-Fabrice Puela (ministre des droits humains), le Docteur Jean-Claude Mulunda de Ipas ainsi que Nicole Ntumba Bwatshia (Directrice de cabinet adjoint du Chef de l’Etat) étaient des intervenants. 

Yves Bunkulu a évoqué la mise en œuvre du PADMPME, un projet qui appuie les petites et moyennes entreprises dont la majorité est tenue par les femmes. M. Puela a parlé de l’importance de reconnaître les femmes en tant qu’acteurs clés du développement, Mme Bwatshia a souligné l’engagement à Kinshasa des Chefs d’Etats contre les violences faites aux femmes en Afrique, le programme de la gratuité de l’enseignement, la nomination des femmes à des postes de direction et prise de décision comme actions du Chef de l’Etat pour justifier tout le sens du titre de Champion de la Masculinité positive, avant d’inviter les femmes à faire valoir leurs potentiels. Le Dr. Mulunda est revenu sur les défis liés à la mise en œuvre de ce protocole. 

« La sororité pour faire avancer les droits des femmes »

Le second panel a abordé l’aspect politique et le leadership au cours des 20 dernières années. La députée Christelle Vuanga a parlé des réalités inhérentes aux partis politiques et au niveau du parlement. Elle a insisté sur l’importance de joindre les forces féminines autour des mêmes causes pour faire avancer la représentativité féminine au parlement en particulier. Marie-Louise Mwange, ministre honoraire du Genre est également revenue sur la sororité. Elle a mentionné la récente création de la Synergie des femmes pour la Paix et la sécurité, structure qui regroupe les organisations féminines autour d’un même objectif ; la participation aux négociations de paix. Madame Julienne Lusenge, militante, a partagé son expérience dans ce secteur avant d’encourager la vulgarisation de tous les points du protocole plutôt que seul l’avortement médicalisé. 

« Société, Droit et Justice, Perspectives et prochaines étapes », thème du troisième panel, avec pour intervenants Chanick Ilunga (coordonnatrice du réseau des jeunes Youth Sprint), Patrick Djemo (Directeur Pays de Marie Stopes International MSI), Gilbert Ngonga, Directeur exécutif ABEF-ND, Gisèle Kapinga (Commissaire en charge de la Femme et de l’Enfant au CNDH) ainsi que Dr. Mike Mpoyi (Chargé des programmes chez IPAS). 

Il faut savoir qu’en Afrique, ce document appelé aussi protocole de Maputo, est le principal instrument juridique de protection des droits des femmes et des filles. Il a été adopté le 11 juillet 2003 au Mozambique et est entré en vigueur le 25 novembre 2005 après avoir été ratifié par 15 États membres de l’Union Africaine.  La RDC a signé et ratifié le protocole 2008 et publié dans le journal officiel en 2018.

Prisca Lokale