RDC-elections : dernier jour du forum des parties prenantes, Denis Kadima confronté aux préoccupations autour du processus

Photo/ Actualité.cd
Photo/ Actualité.cd

Entamés le 04 juillet, les travaux du forum des parties prenantes au processus électoral viennent s'est achevé ce jeudi. Après trois jours successifs d'exposés et de débats, les participants ont soumis des propositions pour des élections libres, crédibles, transparentes et surtout apaisées. 

La journée de clôture a commencé par un panel animé par Dany Ayida, Représentant pays de l'Organisation internationale National Democratic Institute (NDI). Le thème « Engagement des partis et coalitions de partis politiques dans le processus électoral 2023 : Responsabilités, attentes et exigences », a été exploité par trois représentants de la majorité (UDPS, PALU et UNC) et trois représentants de l'opposition (EciDé, Ensemble pour la République et PPRD). 

S'en est suivi deux autres panels, l'un sur « Le pouvoir judiciaire dans les élections : le contentieux électoral », l'autre sur « Élections du 20 décembre 2023 : état d'avancement des prochaines étapes vers des consultations électorales libres, équitables et transparentes » avec pour principal intervenant Denis Kadima, président de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI). 

Dans son exposé, Denis Kadima est revenu sur « les rumeurs autour des opérations d'enrôlement, les mineurs enrôlés, la crédibilité du fichier électoral, les données des cartes d'électeurs qui disparaissent, les contraintes liées à l'organisation des élections, les rencontres avec les responsables des partis politiques de l'opposition, l'ouverture des Bureaux de réception et traitement des candidatures (BRTC) ainsi que la mesure incitative de la loi électorale au sujet de la prise en compte du genre dans la composition des listes des candidats ». 

Entre assurances du président de la CENI et recommandations des partis de l'opposition

Après son exposé, Denis Kadima a été confronté aux préoccupations des participants, cadres des partis politiques (opposition et majorité, excepté le PPRD qui s'est retiré à l'annonce de son arrivée) ainsi que la société civile.

« Notre plus grande attente était la présence du président de la CENI, Denis Kadima. C'est lui qui est autorisé à rassurer la population par rapport aux élections libres, crédibles et apaisées. Nous avons entendu sa détermination à pouvoir organiser la présidentielle le 20 décembre. Dans son discours, on sent la détermination et son désir de voir un processus très inclusif et transparent. Il y a eu des craintes par rapport à l'organisation des élections cette année, surtout lorsque la CENI parlait des contraintes sécuritaires et financières. Le président a évoqué les mêmes difficultés tout en rassurant par rapport à l'organisation des élections dans le délai constitutionnel », dit Josephine Lombela de l'ONG Accès à la Justice (ACAJ)

Juvenal Kabuende, Coordonnateur National de la Centrale électorale de l'Union pour la Nation Congolaise (UNC), à également souligné sa satisfaction par rapport aux réponses du président de la CENI. 

« Beaucoup de questions ont été soulevées. Mais en dernier lieu, nous avons reçu Monsieur Denis Kadima qui a donné beaucoup d'assurance et qui, à l'entendre parler est très convaincu non seulement au sujet de l'intégrité du processus, mais aussi de la volonté de respecter le délai. C'est ce qui est le plus important pour nous ». 

Pr. Faustin Kwakwa membre de l'EciDé de Martin Fayulu estime que le président de la CENI a été dans une posture défensive. Il insiste sur les exigences de son parti pour arriver à des élections transparentes et apaisées. 

"On lui a fait remarquer les insuffisances dans sa méthode mais il est resté sur sa position. L'UDPS également, est restée dans sa posture d'autosuffisance. Ce sont des choses inacceptables (...) mais nous pensons que toutes les voix ont été entendues. Il va désormais falloir prendre en considération tous les éléments soulevés pendant ces discussions pour faire avancer la Nation. Nos recommandations sont connues. Nous exigeons l'audit du fichier électoral et la recomposition de la CENI, car la confiance doit s'assurer même sur le plan psychologique. Si en tant que plateforme, vous n'avez aucun représentant au niveau de la CENI, comment pourra-t-on suivre toutes les actions qui seront entamées ?" a-t-il affirmé, rassurant que pour EciDé, la mise en œuvre de toutes ces recommandations est possible en ce moment. "Ce que nous exigeons ne retardera pas le processus électoral". 

 

Parmi les participants, Rose Muchanga à représenté la Société civile, defenseure des droits des femmes. Elle a ainsi dit sa satisfaction pour l'organisation de ces assises avant d'appeler à la prise en compte du genre dans la composition des listes des partis politiques. 

"Cet événement est une réussite. Depuis que le processus électoral à été lancé, c'est la première fois que toutes les parties prenantes se retrouvent autour d'une table pour se dire des vérités et atterrir en douceur avec la participation du Président de la CENI, qui a donné des réponses à beaucoup de questions incomprises. Je pense sincèrement que dès aujourd'hui, ce processus va prendre un autre élan, un élan positif pour qu'aucun membre ne soit laissé pour compte. (...) Nous plaidons aussi pour que les femmes soient incluses dans les listes des partis. Saisissons cette occasion que nous offre la loi électorale pour accroître la participation politique des Congolaises. Nous croyons que les partis qui ont pris part à ces assises ont compris et à acterons », a-t-elle souligné. 

 

Il y a besoin d'échanges, il faut faire des compromis 

Internews, Open Society Foundation, PNUD, IRI et NDI sont les organisations internationales qui ont organisé ces assises. À l'issue des travaux, elles ont toutes remercié les participants et promis qu'un document leur sera partagé pour faire parvenir leurs recommandations, les destinateurs et les propositions concrètes. 

« L'ensemble des parties prenantes qui était convié ont pris part aux discussions, aussi bien les institutions directement chargées de l'organisation des élections à commencer par la CENI, le ministère de l'intérieur qui s'occupe de la gestion des partis politiques, la société civile, les confessions religieuses, ainsi que les juridictions à compétences électorales. Il y a une convergence de vues sur une chose importante: un besoin d'informations, un besoin d'échanges. Les participants ont tous discuté des problèmes inhérents au processus électoral et ont formulé des propositions. Il faut à présent attirer l'attention sur les inquiétudes. Les éclairages ont été apportés par chaque partie prenante. Nous pensons en général qu'il y a bien de chantiers qui doivent être soit entrepris ou renforcés dans les jours à venir. Si le Président Kadima a entamé des consultations avec les membres de l'opposition, c'est parce que nous avons travaillé pendant des mois pour que cela soit possible et nous continuons à le faire. Nous avons rencontré plusieurs fois le président Kadima, nous travaillons avec l'opposition comme avec la majorité, pour leur dire, il faut vous concerter, il faut trouver des compromis autour des problèmes et nous allons continuer à le faire. Il y a d'autres questions, purement politiques, qui dépassent la CENI, il appartient aux partis politiques, aux leaders et aux décideurs, au gouvernement, le Président de la République y compris, de faire valoir leur volonté pour que ces questions trouvent solution », conclut Dany Ayida, représentant résident pour NDI. 

Il faut noter que le PPRD, parti du président honoraire Joseph Kabila, s'était retiré des assises à l'arrivée de Denis Kadima. À en croire les organisateurs, cette composante avait averti de son retrait car le parti conteste jusqu'à ce jour la composition de la CENI.

Prisca Lokale