RDC: au moins 9 civils tués à Tongo lors d’une attaque de M23 contre des miliciens « patriotes »

Carte du territoire de Rutshuru
Carte du territoire de Rutshuru

Au moins neuf personnes ont été tuées, dans la nuit de mardi à ce mercredi 5 juillet dans le groupement de Tongo, chefferie de Bwito, dans le territoire de Rutshuru (Nord-Kivu). Selon nos sources, les victimes sont cinq femmes, deux enfants ainsi que deux hommes. L'attaque est attribuée aux rebelles du M23 en représailles aux embuscades qui leur sont tendues par des des miliciens Wazalendo (patriotes en français). L’attaque a été menée non loin d’une position des éléments de la force régionale de l’EAC, selon la société civile.

« Les éléments du M23 qui ont quitté hier soir Kalengera ont fait une incursion dans le village de Mungushu, dans le groupement Tongo. Ils ont tué la population. Plus ou moins neuf personnes ont perdu la vie, cinq femmes, deux enfants et deux hommes. Après avoir commis leur forfait, les balles ont crépité à partir de 00h00 jusqu'à 4h du matin. Ils ont pris la route vers Kavumu, en passant par Mahembe pour se retrouver dans leur position au niveau de Mulimbi », témoigne un défenseur des droits humains œuvrant dans la région de Bwito. 

Pour le fonctionnaire délégué adjoint du gouverneur du Nord-Kivu  dans la chefferie de Bwito, Isaac Kibira,  il est plus qu’urgent d’identifier et de mettre hors d’état de nuire tous les éléments du M23 qui se déguisent en civils et se camouflent ces derniers temps parmi la population.

« Nous demandons qu'une enquête soit diligentée par la MONUSCO, la CIRGL, l'EAC et le gouvernement congolais pour qu'on sache réellement pourquoi ils ont tué cette population. Jusque là, ils sont en train de massacrer la population, depuis qu'ils ont commencé à Kapopi, Kasali, Kanyangiri et jusqu'aujourd'hui la population n'a pas où aller. Ils ont massacré les gens à plus ou moins 4 km de la position de l'EAC », indique Isaac Kibira, représentant du gouverneur à Bwito. 

Et d’ajouter : 

« Que le gouvernement puisse prendre ses responsabilités pour sauver sa population. Sinon, avec tous ces massacres, nous risquons de nous retrouver devant un génocide sans précédent et que la communauté internationale, représentée au Nord-Kivu. Avec tout ce qu'on a comme organisations tant nationales qu'internationales, tout le monde se tait pendant qu'on est en train de massacrer la population. Nous voulons savoir pourquoi. Nous n'avons commis aucune infraction pour mériter ça. Que le gouvernement mène des opérations de grande envergure pour bouter ces gens hors de nos frontières ».

En l’espace de moins d’un mois, au moins 16 personnes ont été tuées par le M23 dans le groupement de Tongo à Rutshuru. Cette situation d’insécurité causée par les rebelles du M23 qui se camouflent parmi la population civile a même coûté la vie, le 3 juillet dernier, au secrétaire du  groupement Tongo, dans le village Rushenge, toujours dans la chefferie de Bwito. 

Le M23, rébellion soutenue par le Rwanda refuse de se retirer des territoires conquis comme l’exige la feuille de route de Luanda. Au contraire, la rébellion renforce ses positions en en hommes et munitions, a récemment indiqué le rapport du groupe d’experts de l’ONU. Les autorités indiquent pour leur part, qu’en renforçant ses positions, le M23 vise à mener une attaque sur la ville de Goma.  

Jonathan Kombi et Yvonne Kapinga