Le Vice-Premier ministre en charge de la Fonction Publique a pris la parole le 01 juin pour lancer la nouvelle session de « Mardi du développement (MdD) », un cadre inclusif de réflexion initié par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) en collaboration avec le Cadre permanent de concertation de la femme congolaise (CAFCO). Dans un discours pointu , il a interpellé tous les acteurs sur les droits des femmes en RDC.
«En effet, partout à travers le monde, les femmes leaders agissent pour l'amélioration et le progrès de la vie en société et offrent l'espoir d'un avenir meilleur aussi bien pour les hommes que pour les femmes. Pourtant, l'égalité est encore loin d'être atteinte, et les progrès sur la participation des femmes aux processus décisionnels sont trop lents» a souligné le ministre.
Le Vice-Premier ministre en charge de la Fonction publique estime que le Congo est à l'ère où les hommes doivent comprendre qu'ils ont tout intérêt à faire aux femmes la place qu'elles méritent.
Que signifie « Faire de la place aux femmes » ?
Jean-Pierre Lihau décrit les efforts à mettre en place en faveur de l'égalité des sexes mais aussi les vices à éradiquer dans la société congolaise.
« Faire de la place aux femmes », c'est construire une société d'égalité de traitement entre les hommes et les femmes. Une société dans laquelle les discriminations basées sur le genre, la sous- représentativité des femmes dans les postes de décision malgré leur immense potentiel, n'est plus vue comme une simple priorité, mais une urgence absolue.
« Faire de la place aux femmes », c'est constituer une communauté d'esprit dans laquelle, les violences sexuelles et sexistes, en privé comme en milieux professionnels, en temps de paix comme en temps de guerre, rencontrent une réprobation générale, assortie de sanctions dissuasives à l'égard de leurs auteurs.
« Faire de la place aux femmes », c'est comprendre définitivement que les femmes sont des acteurs clés du système économique et leurs mis à l'écart laisse inexploitée une contribution économique potentiellement capitale pour le redressement du pays.
« Faire de la place aux femmes », ce n'est ni tolérer, ni acquiescer l'inscription, sur des listes électorales, des noms des femmes juste par figuration ou par simple formalité. C'est plutôt inciter et aligner sur des listes électorales des femmes compétentes, ayant toutes les chances à briguer les postes de responsabilité.
« Faire de la place aux femmes », c'est aussi s'éloigner de cette mauvaise habitude de penser que les femmes ne sont vouées à occuper que certains postes, y compris ministériels, déjà catalogués (genre, enfant et famille, affaires sociale, travail, emploi et prévoyance sociale, formation professionnelle, culture et art), il n'est pas question de minimiser l'importance de ces ministères sur la scène nationale ou de dire qu'ils sont moins prestigieux. Le temps est venu où, à compétence égale, les femmes peuvent occuper les mêmes postes que les hommes, à la défense, aux infrastructures, à l'agriculture, au budget, à la justice, et j'en passe».
Sur ce chapitre, souligne-t-il, il faut reconnaître la clairvoyance du Président de la République, pour avoir confié plusieurs postes stratégiques du pays aux femmes. De la banque centrale, à la justice, au conseil d'Etat, au plan, et j'en passe. Il est certain qu'avec l'actuel président, demain sera meilleur pour la femme congolaise.
« Faire de la place à la femme », c'est aussi rêver d'avoir, sans surprise, plus de femmes Cheffes de Corps d'Armées, Ingénieures, etc... Et pourquoi pas, imaginer dans notre pays, une femme Président de la République ? Vous l'aurez compris, je ne parle pas du prochain quinquennat, ni peut-être de celui qui suivra, mais, un jour viendra (...)».
«Faire de la place à la femme », c'est enfin, « Féminiser» l'Administration Publique, en acceptant que les femmes soient positionnées au regard des opportunités d'avancement en grade sans avoir à surmonter, en plus des exigences légales communes à tout agent, des barrières qui n'ont d'autres justifications que leur condition de femme.C'est d'être intraitable face aux phénomènes abjectes et immoraux dit « promotion canapé », ou « batela kwanga ».
Votre rôle, en tant que femme leader, est crucial
Par ailleurs, le VPM à fait savoir qu'au niveau de son cabinet, en collaboration avec le PNUD et CAFCO, une commission spéciale chargée de l'élaboration d'une véritable « stratégie d'égalité de genre au sein de l'Administration Publique » a été mise en place dans le même objectif.
"Nous ambitionnons de construire et de mettre en place un faisceau d'actions visant, d'une part, à garantir que les mêmes opportunités soient offertes aux femmes et aux hommes dès l'entrée dans notre Administration, encore que cette égalité se poursuive dans les promotions en grade jusqu'au niveau le plus élevé".
Et s'adressant aux participantes à cette activité, Jean-Pierre Lihau a ajouté "je voudrais vous dire que votre rôle, en tant que femme leader, est crucial. Vous êtes des modèles, des pionnières et, à ce titre, vous constituer, pour toutes ces autres femmes, jeunes ou adultes, des véritables sources d'inspiration. Vous avez la responsabilité, par votre succès et votre détermination, de faire germer dans la société des signaux positifs et de l'engagement pour les générations présentes et futures. Il faut, dans notre pays, une génération de femmes combattantes, celles qui osent, qui franchissent le pas avec assurance, et ne reculent devant rien".
Il faut noter que "Mardi du Développement" est un espace de rencontres et de synergies pour stimuler des réflexions autour des questions stratégiques et programmatiques de développement. Il offre ainsi un cadre d’échanges qui réunit des décideurs, des experts, des responsables issus de la communauté des bailleurs, du Gouvernement, de la société civile, du secteur privé et des Universités et Centres de recherches.
Prisca Lokale