RDC : quelques pistes pour comprendre la violence basée sur le genre facilitée par le numérique

Photo/ Actualité.cd
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Le cyberespace congolais n’est pas épargné par les dérives liées à la technologie. Dans un pays qui compte 48 millions d'abonnés cellulaires, 6 millions d’utilisateurs de réseaux sociaux avec plus de 63% de présence masculine selon les données prélevées chez  Kepios/Meltwater, il est important de s’intéresser à une forme de violence qui se développe dans ce secteur. Trois choses à savoir. 


La violence basée sur le genre facilitée par la technologie, en abrégé ‘‘VBGFT’’, peut prendre de nombreuses formes. Sextorsion (chantage par la menace de publication d’informations, photos ou vidéos à caractère sexuel), abus basés sur l’image (partage non consensuel de photos intimes), doxxing (publication d’informations personnelles privées), cyber intimidation, cyber harcèlement sexuel et de genre, harcèlement en ligne, hacking, discours haineux, usurpation d’identité numérique, utilisation de la technologie pour localiser les survivantes pour leur infliger d’autres violences etc. 


Des vidéos de l’artiste musicien Héritier Watanabe, aux images impliquant Penielle Nsamba, l’homme politique She Okitundu, le Pasteur Mukuna, Mireille Mokeni, ou les élèves de l’école Saint-Georges. La RDC a connu de nombreux cas liés aux VBG facilitée par le numérique. 


Qui sont les potentielles victimes ? 


Selon « Recherches féministes », un article publié sur le site d’une Asbl axé sur la promotion de la recherche en Sciences humaines et sociales, en raison de l’avènement des technologies numériques, les violences contre les femmes ont trouvé de nouvelles formes d’implantation, notamment par les cyber violences. 


Dans un sondage réalisé par l’UNESCO en 2020 auprès de 900 journalistes à travers le monde, 73 % des femmes interrogées ont dit vivre de la violence en ligne. Il s’agit d’une augmentation par rapport à 2014, alors que la proportion était de 23 %.

Un rapport publié au Royaume Uni au premier trimestre de 2023 et cité dans le site officiel du gouvernement du Canada, indique également que "les femmes doutent davantage de leur sécurité en ligne que les hommes et se sentent moins capables de partager leurs opinions sur le Web".


Impacts des VBG facilitée par le numérique sur la santé des victimes 


Stress, anxiété, crises de panique, plus de deux femmes sur cinq (41 %) agressées en ligne ont déclaré avoir ressenti au moins une fois une attaque à l’égard de leur intégrité physique dans une enquête publiée en 2017 par Amnesty International. 


Certaines femmes ont été conduites à la dépression, la dépendance à l’alcool ou aux drogues pour soulager rapidement leurs angoisses, certaines femmes songeront même au suicide, renchérit Recherches féministes.

 
« Quand les femmes et les filles s’autocensurent pour tenter d’éviter la violence basée sur le genre facilitée par la technologie, elles sont réduites au silence et les démocraties en pâtissent », dit l’UNFPA qui soutient des programmes de lutte contre la VBG dans 153 pays. 


De la présence des Congolaises dans le secteur du numérique


Target Sarl a révélé dans une étude média 2022, l’usage de l’internet par les femmes en RDC.


Ces résultats stipulent que l’internet vient en 3ème position avec une audience globale de 37 %   après la radio (54%) et la télévision (47%). La quasi-totalité des femmes (99%) se connectent via leurs téléphones portables.
Cependant, en ce qui concerne les profils de ces femmes internautes, les plus jeunes dont la tranche d’âge varie entre 18 à 34 ans sont largement majoritaires avec 72% contre 21% pour les 35 à 49 ans (21%). Les femmes âgées de 50 ans sont minoritaires avec un faible score de 8%.


Les activités phares de ces femmes internautes sont : les réseaux sociaux, entre autres Facebook et Twitter (79%), elles utilisent la messagerie instantanée (WhatsApp 78%), elles téléchargent des vidéos (51%), des fichiers audio (43%) des photos (41%) ainsi que des applications sur smartphones et tablettes (25%). Certaines consultent les sites d’actualités (19%) et regardent des vidéos en ligne (19%).

En termes de solutions contre les VBGFT, les spécialistes inter-agences du domaine de responsabilité Violence basée sur le genre des Nations Unies (AoR GBV) suggèrent notamment de soutenir l’inclusion et la sécurité numériques des femmes et des filles, d'établir des mécanismes confidentiels, sûrs et transparents pour signaler la VBG facilitée par les technologies et d'employer du personnel dédié pour recevoir les plaintes d’organisations et d’individus, Prendre des mesures contre les auteurs de VBG facilitée par les technologies, Intégrer la VBG facilitée par les technologies dans les politiques de lutte et de protection contre l’exploitation et les abus sexuels, Intégrer la sûreté et la sécurité numérique  ainsi que Mener des actions de plaidoyer contre les VBGFT.

Prisca Lokale