Les combattants du M23 sont encore présents à Bunagana et à Tchengerero, rapporte la force régionale de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Est (EACRF) ce samedi. De nombreuses sources locales le disaient déjà et de nouvelles confirmations l’étayent. Des délégués du mécanisme de vérification ad hoc et ceux de la force régionale se sont déployés dans la zone. Ils ont pu confirmer qu’en date du 14 avril des combattants du M23 étaient encore dans les deux agglomérations. L’EAC parle d’un retrait partiel.
Pendant ce temps, la crise de confiance entre le gouvernement et le M23 s’est accentuée cette semaine et les deux parties se cabrent. Le mouvement armé ne jure que par le dialogue direct avec Kinshasa. Le groupe soutenu par Kigali et sanctionné par les Nations unies a même fixé le préalable, selon lui, au processus de désarmement. « Tant qu'il n'y aura pas de dialogue politique direct entre le M23 et le Gouvernement de Kinshasa, il n'y aura pas non plus de cantonnement, désarmement et démobilisation », a déclaré Lawrence Kanyuka, porte-parole politique et chef du département de la communication et des médias du M23. Kinshasa ne t’entend pas de cette oreille.
Pour le contexte, il était attendu du M23 qu’il se retire des zones conquises ces derniers mois au 30 mars, selon le calendrier actualisé de retrait annoncé par la facilitation.
Selon le gouvernement congolais, les troupes ougandaises sont censées récupérer et contrôler dans le territoire de Rutshuru les agglomérations suivantes: Tchengerero, Bunagana, Rwanguba, Matebe, Rutshuru-centre, Kiwandja. Les burundais sont en charge du territoire de Masisi (Mushaki, Karuba,Kirolirwe, Kitchanga et Mweso), les kenyans sont censés se déployés dans le territoire de Nyiragongo (Kibati, Kibumba, Rumangabo, Rugari, etc.). Les Sud-Soudanais, eux, sont chargés de Katale et de Rumangabo.
Malgré ce constat de non retrait de Bunagana et de Tchengerero, il ne devrait pas y avoir l’usage de la force contre le M23 dans cette zone étant donné que le mandat des troupes ougandaises, selon l’UPDF, présentes depuis le 31 mars dernier dans cet espace n’est pas offensif: « Notre mission initiale est d'occuper certaines des positions que le M23 a cédées à l'East African Force en tant que force neutre, au lieu de l'armée congolaise que le M23 considère comme un ennemi dans sa politique interne. Nous nous rendons donc dans la région de Bunagana-Rutshuru, non pas pour combattre le M23, mais pour agir en tant que force neutre pendant que les Congolais mettent à profit cette période pour régler leurs problèmes politiques ».
La semaine dernière, Jean-Pierre Bemba avait annoncé la tenue bientôt d’une réunion extraordinaire des ministres de la défense de l’EAC à Goma pour évaluer l’évolution de la situation sécuritaire, clarifier certains malentendus et critiques et éventuellement re-préciser le mandat de la force régionale de l’EAC.