RDC : ce que les commerçantes de Kinshasa attendent de Sama Lukonde II 

Photo/ Actualité.cd
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Cela va faire une semaine que la nouvelle équipe du gouvernement central a été publiée. Parmi les défis qui attendent les nouveaux ministres, il y a la crise économique. Alors qu'1$ se change  désormais à 2250 francs congolais, dans les marchés de la capitale, le Desk Femme a recueilli les attentes des vendeuses. 

« Nous plaidons pour que le marché central de Kinshasa (Zando) soit construit et rouvert le plus vite possible. Nous avons passé plus de deux ans à vendre sur les artères parce que le gouvernement de Kinshasa avait ordonné sa fermeture. Nous ne nous opposons pas à l’idée de reconstruire ce marché. Mais le gouvernement central voit-il ce qu’il s’y passe ? Pourquoi il n’y a pas d’accélération des travaux ? On nous a promis la fin des travaux pour la fin de l'année, est-ce qu’il y a un suivi des travaux pour éviter les  mauvaises  surprises à la date annoncée ? Jusqu’à quand allons-nous continuer à être exposées ? »  s'offusque Espérance Bilembelani, qui vend des tomates au croisement des avenues Kasa-vubu et Lowa. 

A Somba Zigida (Kinshasa), Marie Nzengele, vendeuse depuis 15 ans, plaide pour l’assainissement du marché.

« Nous voulons exercer notre commerce dans un environnement assaini. Chaque jour, nous payons des taxes et autres frais. Mais à quoi tout cela sert ? Nous passons nos journées dans la saleté. Certains clients évitent d’acheter nos marchandises parce que notre milieu n’est pas propre. Parfois même, des photos des vendeuses circulent sur les réseaux sociaux, montrant toute la saleté qui entourent nos produits. C’est pour décourager les clients. Mais l’Etat ne fait rien alors que nous payons des taxes. Je souhaite vivement que le nouveau gouvernement descende dans les marchés pour faire une évaluation des besoins et mettre en œuvre des solutions efficaces ». 

Dépréciation du franc congolais et augmentation des salaires des agents publics

L’un des problèmes qui rongent l’économie congolaise est la dépréciation du franc congolais face au dollar américain. 10$ se change contre 22500 ou 22750 FC. Cette question a également été soulevée par Dyna Mateleka et Sandrine Ekodi, vendeuses au marché Gambela.    

« Le franc congolais perd toute sa valeur face au dollar américain. Aujourd’hui, 1$ se change à 2250 francs. Cela impacte les prix des marchandises, le nombre des clients et même nos bénéfices. Nous voulons que les choses changent. Que le gouvernement se penche sur cette question pour qu’une solution soit trouvée le plus vite possible », a affirmé Dyna Mateleka, responsable d’un dépôt de farine de semoule et de manioc depuis 32 ans. 

A Sandrine Ekodi, vendeuse des oignons, de renchérir, « Nous vendons nos produits en francs congolais. Mais lorsqu’arrive le moment d’aller s’approvisionner auprès des grossistes, ils nous imposent de tout payer en dollars américains. Nous enregistrons énormément de pertes. Si 10$ se change à 23.000, vous devez donner au moins 24.500 pour la même valeur. L’Etat congolais devrait agir. Nous avons déjà beaucoup perdu pendant la Covid-19. Les impacts sont toujours visibles et le dollar ne nous rend pas la tâche facile ». 

Par ailleurs, Chancelle Mabiala, vendeuse de poule à Type K a plaidé pour la régularisation et l'augmentation des salaires des agents publics, principaux clients des vendeuses.  

«C’est grâce à ce commerce que je nourris ma famille. Mon époux est un agent de la fonction publique, c'est grâce à son salaire que nous payons le loyer et une partie des frais de nos enfants. Mais les temps sont très difficiles actuellement. Les bons clients se font rares. Je crois que si le gouvernement régularise la situation de tous les agents publics, il y aura moins de plaintes et les clients viendront acheter nos produits pour nous permettre aussi de nourrir nos familles. La plupart de travailleurs en RDC sont dans les services de l’Etat », a-t-elle fait savoir. 

Il faut noter que ce gouvernement a été mis en place à neuf mois des élections. Il s’agit de la troisième équipe gouvernementale depuis l’arrivée au pouvoir de Félix Tshisekedi.

Prisca Lokale