RDC-M23 : à Sake, les déplacés sous menaces des balles et de la famine

Une femme déplacée et ses enfants dans une cabane à Sake
Une femme déplacée et ses enfants dans une cabane à Sake

Dans l'Est de la République démocratique du Congo, les déplacés de guerre que mène la rébellion du M23 vivent dans des conditions infrahumaines. Ils manquent de tout. En plus d’avoir fui leurs milieux, leur calvaire se poursuit car ils ne sont toujours pas épargnés du danger. Tenez, ils manquent de nourriture et sont même exposés à d’explosions étant donné que le front se situe proche de leur lieu de refuge. C'est le cas des déplacés se trouvant sur le site de Sake, près de Goma.

ACTUALITE.CD a effectué mardi 7 mars une descente sur le site des déplacés de Sake érigé juste le long de la route nationale numéro 2, à moins de 27 km à l’ouest de Goma. Ici, cinq enfants ont trouvé la mort faute de nourriture.

« Nous n’avons pas de nourriture encore moins les bois de chauffage. Je suis là depuis fin janvier, nos enfants meurent de faim dans ce camp, nous avions reçu une délégation du gouvernement qui nous ont promis de l’aide malheureusement jusqu’aujourd’hui elle n’est jamais revenue», explique Ndababazi, cette femme déplacée venue de Malehe, dans le territoire de Masisi.

C’est depuis deux mois que les déplacés affluent à Sake, Mugunga et Goma en provenance de Masisi où les combats se sont intensifiés ces dernières semaines permettant au rebelles du M23 de gagner du terrain.

« Moi je suis arrivée ici le 22 février en provenance de Kingi. Les affrontements ont commencé à Karenga, nous étions à Kingi où nous avions enduré mais malheureusement les rebelles ont pris notre village et nous étions obligés de fuir. Nous sommes dans ce camp mais nous souffrons énormément, nous n’avons pas de nourriture et des bâches pour construire les abris », confie cette autre femme déplacée.

Cette semaine, les déplacés vivant dans les sites de Kanyaruchinya et Munigi (territoire de Nyiragongo) étaient d’ailleurs dans les rues de Goma pour réclamer de l’aide au gouvernement. Là aussi près de 10 déplacés sont décédés à cause de la famine.

Projectiles d’artillerie

Ils sont des centaines, dont les plus vulnérables sont des femmes et des enfants. A Sake également les choses ne sont pas certaines car le front est plus proche.

« Nous ne dormons pas également la nuit suite à des détonations d’armes, nous serons obligés de fuir encore », fait savoir cette habitante de Kingi.

L’armée a annoncé lundi que rebelles du M23 ont mené une attaque « aux mortiers 82 et 120 » sur Mubambiro qui est un quartier de la cité de Sake faisant trois morts et des dégâts matériels.

«Nous avons vu le feu sortir de cette maison, nous avons crié et les FARDC sont venues voir et ils ont enlevé les restes. Heureusement les propriétaires de cette maison étaient au marché et les enfants jouaient un peu loin de leur maison », témoigne un habitant de Sake.

« Ils ont lancé plusieurs bombe, l’une est tombée sur l’orphelinat Children's light of the World et a malheureusement touché deux enfants dont un garçon qui est décédé sur place et un autre qui a été dépêché à l’hôpital général de Goma », renseigne un autre habitant de Mubambiro.

Ces raids ont provoqué une panique et un nouveau déplacement des personnes déjà déplacées.

« Je viens de Kimoka, ils ont encore lancé des bombes qui ont tué les gens à Sake. Voilà pourquoi je me déplace, je me dirige vers Goma dans un autre camp pour ma sécurité », fait savoir une vieille femme visiblement affaiblie.  

Un autre déplacé qui a vécu cette scène ajoute : « Plusieurs bombes tombent dans nos quartiers à Sake, il n’y a pas moyen de rester à la maison. Je me dirige à Mugunga où se trouve d’autres déplacés ».

En un an, plus de 800 000 personnes ont été affectées par la reprise des combats entre les forces congolaises et le M23, selon les autorités et les agences humanitaires des Nations Unies. 

Mercredi dernier, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) a indiqué que plus de 20 000 personnes ont fui de chez elles dans le Nord-Kivu, suite aux affrontements entre l’Armée congolaise et le M23.  Les habitants de la zone de Kibirizi, à environ 120 kilomètres de Goma, ont été forcés de fuir les combats dans les villages environnants. Ce, en dépit d’un cessez-le-feu censé avoir lieu mardi dans « dans toute la région orientale de la RDC », selon le dernier calendrier annoncé le 3 mars à Luanda par la présidence angolaise.

Yvonne Kapinga, à Goma