Journée du 08 mars : ce que pensent les kinoises des thèmes choisis au niveau national et international

Photo/ Droits tiers
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Cette année à l'occasion de la journée internationale dédiée aux femmes, comme tous les ans, la RDC va s'aligner sur la thématique retenue par ONU Femme. « Education numérique égalitaire pour la paix et l'autonomisation des femmes et des filles en RDC », telle est la déclinaison congolaise du thème mondiale.

« Je crois que l’accent est mis sur l’impact des nouvelles technologies de l’information et de la communication dans notre quotidien. L’idée est que nous puissions nous servir des toutes les opportunités qu’offre le numérique pour faire avancer l’égalité des sexes », estime Rachel Ikoli, 17 ans, élève en sixième année Littéraire du Lycée Kabambare.

   Et de renchérir, « Cela voudrait dire qu’autant un jeune homme peut apprendre l’informatique pour se perfectionner, autant nous les jeunes filles, devons aussi apprendre pour qu’au moment où des postes de directions seront à notre portée, nous soyons traitées sur base de nos compétences égales et non sur base du genre ». 

Sandrine Bilembelani, quadragénaire et tresseuse, interpelle notamment l’Etat congolais sur les difficultés d’accès au numérique dans certains milieux du pays. 

« Avec ce thème mondial, nous invitons les gouvernements et tous les autres acteurs à faciliter l’intégration des filles et des garçons au monde du numérique. Si cela est pris en compte en RDC, nous n’aurons pas des milieux où il n’existe même pas de connexion juste pour passer un appel. Nous avons tous vu comment la vidéo d’un enfant qui a grimpé sur un véhicule a fait le tour des réseaux sociaux. Si on l’a aidé à sortir de ce milieu, qu’a-t-on fait pour aider les autres enfants qui vivent à cet endroit pour s’adapter à la vie urbaine ? »

Vendre ses produits, étendre son marché

Pour Célestine Mpia et Josette Pinganayi, ces thèmes renvoient aux opportunités entrepreneuriales dans le monde du numérique. Chacune d’elles a trouvé une femme entrepreneure modèle sur les réseaux sociaux.

  « J’ai vu Maria Ntumba et sa sœur et bien d’autres personnes qui ont commencé à être très suivis sur les réseaux sociaux. Vous vous rendez compte de ces opportunités ? Comme pour dire que si les réseaux sociaux n’existaient pas, on n’allait pas les connaître. Je crois que ce thème nous interpelle sur la manière dont nous choisissons de nous servir des outils numériques disponibles. Je vends aujourd’hui des perruques grâce à ces personnes que je suis sur les réseaux. Et cela me rapporte d'importants revenus », a confié Célestine Mpia, vendeuse des mèches et perruques au grand marché de Kinshasa.  

A Josette Pinganayi d’ajouter, « ce thème national nous révèle qu’aujourd’hui, il y a de multiples opportunités dans le numérique pour les entrepreneures. J’ai personnellement regardé une femme montrer comment elle vend des épices à Kinshasa et gagne de l’argent sur Tik Tok. Je ne savais pas qu’on pouvait présenter ses produits sur les réseaux sociaux alors que certaines personnes passent juste du temps à se quereller ou danser. Je me suis abonnée à ses comptes et je monte mon projet dans le même cadre ». 

Pour finir, Annie Mbungu, agent aux ressources humaines d’une agence de voyage, plaide pour que les thèmes soient mieux expliqués aux populations locales. 

 « Souvent, ces longues phrases ne permettent pas de comprendre la portée des thèmes du mois de mars. Il y a beaucoup d’éléments dans ce même thème, égalité des sexes, numérique, paix, autonomisation. Je pense que si le ministère du genre explique clairement les mots qui sont retenus et leurs importances, on ne va pas seulement retenir le thème mais vraiment bien le comprendre et l'appliquer au quotidien », a-t-elle suggéré. 

A titre de rappel, pour le thème choisi au niveau mondial, ONU Femmes précise qu’il permet de saluer et de célébrer les femmes et les filles qui défendent l'avancement de la technologie transformatrice et de l'éducation numérique. La célébration explore l'impact de l'écart numérique entre les sexes sur l'élargissement des inégalités économiques et sociales, et permet de mettre également en lumière l'importance de protéger les droits des femmes et des filles dans les espaces numériques et de lutter contre la violence sexiste en ligne, facilitée par les TIC.

Prisca Lokale