RDC-Enrôlement : la CENI annonce l'arrestation de ses agents ayant délivré quatre cartes d’électeurs au Youtubeur Fabien Kusuanika et rassure quant au nettoyage du fichier électoral

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Fabien Kusuanika Mbambi

La Commission électorale Nationale Indépendante à travers ses équipes de supervision envoyées sur terrain annonce avoir mis la main sur trois membres du Centre d’inscription situé au Lycée Père René TIPAX dans la commune de Masina, qui sont à l’origine de la production de quatre cartes d’électeurs au profit d’un animateur d’une chaîne YouTube connue, à savoir Kusuanika Mbambi Fabien. Il s’agit de Kevin Katembo Kimfumu préposé à l’identification faisant office du président du centre d’inscription, Jérémie Tsheza Kapia opérateur de saisie et enfin Élie Ndjemba préposé polyvalent. Ces trois agents de la centrale électorale ont été remis entre les mains de la justice.

"Nous avons récupéré les 4 cartes d'électeurs qu'un requérant a obtenu en dehors de la procédure établie par la loi. En effet, nous nous sommes servis de QR code pour retracer le numéro de série des cartes concernées ainsi que le numéro national de l'électeur qui est sur la carte cachée ici par l'encre. L'analyse effectuée grâce au QR code, nous a aidés à trouver les informations qui nous ont permis d’identifier le kit ainsi que son numéro de série y compris le centre où il fonctionne. À partir du numéro de série de la machine dans notre base des données, nous avons pu identifier le nom du centre et son adresse. Notez que le centre est logé dans l'enceinte de l'école « Lycée Père René Tipax à Masina ». Nous étions partis à cette adresse, une fois sur le lieu, nous avons analysé les deux kits trouvés. Quand on a saisi le numéro de série de la carte dans le premier kit, la recherche a donné le résultat qu'un certain Kusuanika Mbambi Fabien était enregistré sur cette machine avec une photo. Le même exercice a été répété dans l'autre machine et la conclusion est que ce monsieur a obtenu à 4 reprises la carte d'électeur sous 4 différentes identités" a expliqué devant la presse un membre de l’équipe de supervision, envoyé par le Président de la ceni.

À lui de poursuivre :

"Nos analyses ont prouvé que la personne concernée n'était pas physiquement au centre d’inscription. L'on a utilisé une photo pour l'enrôler. De ce fait, nous allons poursuivre les recherches avec les données qu'on va retirer des kits pour savoir quelles sont les empreintes et l'IRIS utilisés pour arriver à cette opération. Mais nous connaissons déjà que le président du centre d'inscription était absent et c'est le préposé à l'identification qui jouait l'intérim, qui a signé toutes ces cartes, il s'agit de M. Katembo Kimfumu Kevin. L'on a aussi constaté que sur les 4 signatures apposées dans les cartes, une seule correspond à celle retrouvée dans la fiche FO1. Donc, nous allons continuer les investigations pour établir toute la lumière dans cette affaire."

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Par ailleurs, le Directeur chargé de l’informatique de la Commission Électorale Nationale Indépendante, Yves Kota a tenu à rassurer l'opinion que son institution a prévu un système de nettoyage du Fichier Électoral pour faire face à des telles situations.

"Je vous rassure que ce cas et d'autres non encore épinglés, pourront être détectés au moment du toilettage du Fichier. Pour le cas de doublon, la CENI ne va prendre en compte que le dernier enregistrement, mais pour le cas sous examen, la CENI va carrément radier la personne du Fichier Électoral, parce que le rôle de la centrale électorale consiste aussi à mettre à la disposition de la République un Fichier Électoral fiable" a-t-il rassuré

Cette situation a suscité des réactions au sein de l'environnement sociopolitique congolais. Dans un communiqué rendu public vendredi 24 février 2023, la mission d'observation électorale CENCO-ECC avait attiré, à cet effet, l’attention de la CENI et des autres parties prenantes sur le fait que les faits observés posent un sérieux problème quant à la sécurisation du processus électoral en général et du matériel électoral sensible en particulier et sont susceptibles d’entamer sensiblement la confiance du public en ce processus électoral et d’en compromettre ainsi la crédibilité, y compris celle des résultats qui en résulteront. 

Pour la CENCO et l'ECC, si les choses ne sont pas clarifiées à ce stade, ce serait irresponsable de la part de tous d'avancer dans un processus électoral où la crédibilité est sérieusement mise en cause.

Clément MUAMBA