RDC-M23: “Plus fort éternellement n’existe pas…”, message de Julien Paluku à Paul Kagame et ses soldats

Paul Kagame
Paul Kagame

La détérioration de la situation sécuritaire marquée par l'avancement des rebelles du M23 ne laisse pas indifférents les acteurs sociopolitiques en République Démocratique du Congo. Parmi eux, Julien Paluku, actuel ministre de l'industrie, autrefois gouverneur du Nord-Kivu pendant 12 ans. Ce jeudi, il a tenu à passer un message poignant à Paul Kagame, Président du Rwanda qu'il a individuellement nommé "ennemi de la paix" dans l'Est de la RDC.

"Tous les Congolais et la communauté internationale savent que c’est le Président rwandais Paul Kagame, l'ennemi à la base de l’insécurité dans l’Est de la RDC", a-t-il lancé dans un message adressé aux populations des zones écumées par la rébellion pro rwandaise, le M23.

Kagame plus fort?

Pour Julien Paluku, le Président rwandais, en plus d'être le déstabilisateur de l'Est de la RDC via de nombreux mouvements armés, dont le RCD, le CNDP et le M23, est surtout le symbole du mal dans la région des Grands-Lacs. Mais, dit M. Paluku, il ne demeurera pas éternellement "fort".

"Paul Kagame et ses militaires identifiés comme ennemis peuvent paraître forts aujourd'hui. Mais il y avait des hommes forts avant lui, notamment Mobutu, Hitler, Idi Amin mais ils avaient connu une fin", a-t-il indiqué tout en appelant les congolais en général et les populations de l'Est du pays à demeurer "confiants" car "il y a un début et une fin" pour toute chose.

"Soyons tous derrière notre armée, même s’ils occupent une ou deux localités ça ne sera pas la fin. La RDC restera unie", a-t-il ajouté.

Appel à l'unité 

En cette période d'instabilité sécuritaire dans la partie orientale du pays, Julien Paluku a appelé les communautés locales sous l'emprise du M23 à l'unité.

"Il n' ya pas une communauté des criminels mais il y a des criminels dans chaque communauté et ces criminels n'engagent pas leurs communautés respectives. Nous demandons à tous de s’unir parce qu’en pareille circonstance, l’ennemi cherche à nous diviser, beaucoup voudraient instrumentaliser les ethnies", a-t-il fait savoir dans son message.

Le gouvernement a, à plusieurs reprises, alerté sur l'intention des rebelles du M23 de commettre des massacres à grande échelle des tutsis congolais notamment dans le territoire de Masisi après la prise de Kitshanga. En novembre, la rébellion avait déjà exécuté des centaines de civils à Bambo et Kishishe, dans le territoire de Rutshuru. Les Nations unies ont donné un dernier bilan de 171 civils tués lors de cette expédition rebelle.

Le M23 continue d'occuper plusieurs localités dans les territoires de Masisi et de Rutshuru dans la province du Nord-Kivu. Cette situation n'a pas épargné des populations civiles résidant dans ce coin de la République Démocratique du Congo. Des centaines de personnes menacées par des combattants armés ont trouvé refuge dans et autour d'une base de la MONUSCO à Kitshanga.

Des tensions entre Kinshasa et Kigali persistent toujours, la question était au centre d'un sommet des États de l'Afrique de l'Est à Bujumbura. À l'issue de la réunion, les chefs d'Etats de plusieurs pays d'Afrique centrale et de l'Est ont appelé samedi à un "cessez-le-feu immédiat de toutes les parties" et un retrait de tous les groupes armés, "y compris les étrangers" dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC). Cette réunion des chefs d'Etat de la Communauté de l'Afrique de l'Est (EAC, constituée de sept pays) à Bujumbura, la capitale du Burundi, intervenait en pleine recrudescence des violences dans l'Est congolais.

Clément Muamba