Manifestation anti force régionale à Goma : "la frustration est compréhensible", reconnaît Patrick Muyaya, qui exhorte la population à ne pas tomber dans le piège de l'ennemi

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Le gouvernement a condamné les actes de violence constatés lors des manifestations contre la force régionale (EAC) à Goma dans la province du Nord-Kivu. Pour le ministre de la communication et médias, Patrick Muyaya, la frustration des populations est compréhensible mais les exhorte à ne pas tomber dans le piège de l'ennemi, le Rwanda, qui peut tenter de s'infiltrer pour justifier ses interventions sur le sol congolais. 

" J'aimerai commencer par condamner les actes de violences qui ont été observés aujourd'hui à Goma (...). La frustration est compréhensible, la colère aussi au sujet de la situation sécuritaire. Mais une chose est d'être en colère, c'est légitime et une autre qui n'est légitime, c'est de revendiquer dans la violence en s'en prenant à des églises ou en essayant de piller et d'extorquer les paisibles populations. Tout à l'heure, j'ai eu un échange avec le gouverneur militaire Constant Ndima qui a fait le tour de la ville et qui m'a rassuré que les mesures sont prises pour essayer de contenir toute cette progression. La situation, elle est déjà difficile à Goma parce que vous avez compris que la stratégie de l'ennemi c'est d'asphyxier cette ville et s'il y a des attitudes comme celle qui a été observée aujourd'hui, cela ne pourra que faire le jeu de l'ennemi ", a-t-il dit lors d'un briefing avec la presse lundi 6 février. 

Et d'ajouter :

" Lorsque vous vous versez dans des activités de ce genre, une infiltration n'est pas loin et vous savez quel est le discours que tient le Rwanda au quotidien pour justifier son inutile guerre en République Démocratique du Congo c'est dire qu'il y a une guerre ethnique, c'est-à-dire qu'on s'en prend aux Tutsi, il faut éviter justement que les infiltrés rwandais qui sont partout ne puissent profiter des évènements de ce genre pour semer des actes ou poser des actes qui, finalement, risquent de retomber sur les paisibles populations ".

Plusieurs milliers de personnes ont manifesté et une journée "ville morte" a été observée lundi à Goma, dans l'est de la RDC, pour protester contre la "passivité" de la force est-africaine déployée dans la région face aux rebelles du M23. Cette force, d'après les manifestants, doit agir face à l'avancée du M23, mouvement majoritairement tutsi qui s'est emparé ces derniers mois de vastes pans de territoires au nord de Goma et continue sa progression au nord-ouest de la capitale provinciale du Nord-Kivu.

L'EAC a créé l'an dernier une force militaire de paix pour l'est de la RDC, les premières troupes étant arrivées à Goma en novembre. Elles sont autorisées à recourir à la force contre le M23, mais ne l'ont pas encore fait.

Au lendemain d'un sommet de l'EAC samedi à Bujumbura, qui a appelé à un cessez-le-feu, le ministère congolais des affaires étrangères a évoqué dans un communiqué " les pesanteurs qui gênent l'action de la force régionale ". Le gouvernement de la RDC, souligne le texte, "tient à rappeler que le mandat de la force régionale est, sans équivoque, offensif".

Comme la force de l'ONU présente depuis plus de 20 ans dans le pays et accusée d'inefficacité face aux groupes armés, les soldats kényans présents depuis novembre à Goma font face à une fronde populaire depuis quelques semaines.

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Clément MUAMBA