RDC-Ituri-Or: quand les groupes armés ne fixent des taxes illégales sur des sites miniers, leurs combattants deviennent eux-mêmes des creuseurs

Creuseur artisanaux dans une carrière d'or dans l'est du pays
Creuseur artisanaux dans une carrière d'or dans l'est du pays

L’Ituri a été parmi les provinces ayant enregistré le plus de violences en 2022. Deux groupes en particulier se sont illustrés. Il s’agit de la Coopérative pour le développement du Congo et du groupe Zaïre. Les deux mouvements sont très actifs autour et sur des sites miniers. Ils se sont d’ailleurs beaucoup affrontés dans les zones d’extraction d’or et aux alentours, notamment à Mongbwalu et à Nizi. 

« Entre juillet et septembre 2022, la MONUSCO a enregistré au moins 30 affrontements », rapporte le groupe d’experts des Nations unies sur la RDC, privant l’administration minière de la province de l’Ituri d’accès à la majorité des sites miniers du territoire de Djugu pendant plus d’un an parce qu’ils étaient sous le contrôle de la CODECO ou du groupe Zaïre. 

Le Groupe d’experts a recensé 59 centres miniers contrôlés par des groupes armés ; les factions de la CODECO en contrôlant le plus grand nombre, suivies par le groupe Zaïre. 

Dans les sites miniers qu’ils contrôlent, s’ils ne fixent des taxes illégales, ces combattants deviennent eux-mêmes des creuseurs. Selon les experts de l’ONU, l’or produit dans les zones contrôlées par les groupes armés a été majoritairement vendu sur place à des négociants de Bunia, ou parfois directement à d’autres acteurs économiques installés dans cette ville.

En plus de l’exploitation minière, il y a également les barrages routiers pour taxer les biens et les personnes. Ils ont également taxé les acteurs économiques opérant dans les zones qu’ils contrôlent. 

Dans une lettre adressée à la Fédération des entreprises du Congo (FEC) à Kpandroma, la CODECO/URDPC a demandé aux acteurs économiques de verser 5 000 dollars pour soutenir le mouvement. Cette lettre était signée, entre autres, par le « général » Sengedhu Madro Jiba, chef d’état-major adjoint pour les opérations de la CODECO/URDPC, rapportent les experts de l’ONU. Dans leur rapport, ils expliquent aussi que certains membres de la FEC basés à Djugu ont confirmé que ces paiements étaient une pratique courante, ce qui constitue une violation du régime de sanctions.