RDC-M23 : Denis Mukwege demande la fin du soutien financier international à l’armée rwandaise 

Docteur Denis Mukwege/Ph. ACTUALITE.CD

Le prix Nobel de la paix et gynécologue congolais a déjà demandé plusieurs fois des sanctions contre le Rwanda pour ses multiples implications dans la déstabilisation de l’Est de la RDC, mais cette fois, le docteur Denis Mukwege réclame la fin du soutien financier de la communauté internationale à l’armée rwandaise pour son soutien au M23 qui, depuis une année, mène une offensive qui a permis la conquête des vastes zones dans les territoires de Rutshuru et Nyiragongo.   

« On ne peut pas d’une part accuser ou admettre que le Rwanda a agressé la République démocratique du Congo, en violation du droit international, en violation de la charte des Nations unies et que de l’autre côté, on puisse continuer à soutenir financièrement le Rwanda (...). Je crois que c’est une incohérence », déplore le Prix Nobel de la paix lors d’une interview à ACTUALITE.CD cette semaine.

L’Union Européenne avait annoncé avoir octroyé 20 millions d’euros à l’armée rwandaise déployé contre des insurgés islamistes au Mozambique. Kigali est aussi le 4e pays contributeur de troupes des Nations-Unies et reçoit à ce titre des dizaines de millions de dollars en compensation chaque année. 

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Pour Denis Mukwege, il est « incohérent » que le Rwanda bénéficie d’une aide financière de l’Union Européenne ou même des Nations- pour son armée alors qu’il soutient la rébellion du M23 en RDC.  « Il faudrait absolument que des mesures puissent être prises, y compris des sanctions contre le Rwanda qui agresse le Congo. Mais ce qu’on voit aujourd’hui, c’est plutôt le contraire : l’Union européenne est en train de financer les actions de l’armée rwandaise. C’est une incohérence totale, cela crée des frustrations pour des jeunes en Afrique qui ne comprennent pas ».

Le directeur de l’hôpital Panzi déplore cette politique de deux poids deux mesures de la communauté internationale et compare la situation de la RDC à celle de l’Ukraine.

« La situation en République démocratique du Congo est tout à fait comparable à ce qui se passe en Ukraine avec la Russie, où la Russie a agressé l’Ukraine, on voit que toute la communauté internationale s’est levée pour pouvoir dénoncer cette situation, appuyer l’Ukraine et avoir une diplomatie agissante pour essayer de essayer d’arrêter cette guerre », dénonce-t-il.

A l’international, estime Mukwege, la situation en RDC est classée parmi « les crises négligées à travers le monde ».

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ONU et la géométrie variable

Il a également  à nouveau demander des sanctions contre le Rwanda et estime que cela incombe aux Nations Unies. 

« Il y a quand même la résolution 2641 qui prévoit des sanctions pour tout État qui soutiendrait des groupes armés en République démocratique du Congo. Nous demandons à ce que cette résolution soit appliquée. On ne va pas continuer à avoir des outils juridiques qu’on utilise à géométrie variable, ça peut s’utiliser dans une circonstance et pas dans une autre », a-t-il pesté.

A ce jour, les Etats-Unis, le parlement européen, la Belgique et le groupe d’experts des Nations-Unies ont reconnu ce soutien de Kigali au M23.

L’une des porte-paroles de l’Union européenne, Nabila Massrali, explique que les 20 millions d’euros débloqués visent « à soutenir le Rwanda dans ses efforts au Cabo Delgado, suite à la demande spécifique d'assistance formulée par les autorités mozambicaines et d’autres pays de la région ». Elle ajoute que « le soutien donné au Rwanda, sur demande du Mozambique et des pays de la région, pour lutter contre le terrorisme au Cabo Delgado et empêcher ainsi une plus grande extension de la menace dans cette partie du continent ne s’arrêtera pas ». 

« C’est un combat commun qu’il convient de mener ensemble. Tous les efforts sont les bienvenus », a encore expliqué Nabila Massrali à ACTUALITE.CD.

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Sonia Rolley et Patrick Maki