RDC: les USA demandent clairement et ouvertement au Rwanda d’arrêter de soutenir le M23

Robert Wood
Robert Wood

Robert Wood, Représentant alternatif pour les Affaires politiques spéciales au sein de la Mission des États-Unis auprès des Nations unies, a pris la parole mercredi au cours d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU sur la région des Grands Lacs. Il a clairement évoqué le rôle du Rwanda dans la résurgence du M23.

« Ces violences sont inacceptables, et les États-Unis exigent des groupes armés qu’ils mettent fin à leurs attaques contre les populations les plus vulnérables de la RDC. Nous appelons également les acteurs étatiques à cesser de soutenir ces groupes, notamment l’aide apportée par les Forces de défense rwandaises au M23 ».

Dès juin 2022, l’Ambassade des États-Unis à Kinshasa s’était démarquée de toutes les autres chancelleries concernant les combats dans le territoire de Rutshuru. Sans langue de bois, elle avait évoqué ouvertement la présence des troupes rwandaises sur le sol congolais rejoignant la position du gouvernement congolais.

« Nous sommes extrêmement préoccupés par les récents combats dans l'est de la RDC et par la présence signalée de forces rwandaises sur le territoire de la RDC. Les comportements provocateurs et les propos incendiaires doivent cesser », disait-elle dans un tweet.

Pour sa part, Robert Wood se montre également prudent par rapport au déploiement des troupes de la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE).

« Les États régionaux, de manière bilatérale et par le biais de la CAE, ont également déployé des soldats pour faire face à l’insécurité croissante dans l’est de la RDC. Alors que ces actions progressent, il est impératif qu’elles n’aggravent pas une situation déjà tendue ».

Et de poursuivre:

« À ce titre, nous demandons aux dirigeants régionaux de veiller à ce que les forces bilatérales et multilatérales respectent les droits humains, donnent la priorité à la sécurité des civils et s’abstiennent de toute activité illicite, telle que l’extraction de ressources naturelles. Il est tout aussi essentiel qu’ils se coordonnent avec les Forces armées de la RDC, la MONUSCO, les organismes humanitaires des Nations unies et les organisations non gouvernementales, et qu’ils complètent leur travail important ».

Les USA relativisent même l’option militaire: « Les États doivent également notifier formellement cette assistance au Comité des sanctions 1533, conformément aux résolutions existantes du Conseil de sécurité, y compris les forces burundaises déployées bilatéralement et dans le cadre de la Force régionale de la CAE. Comme c’est souvent le cas, nous avons passé beaucoup de temps aujourd’hui à parler de solutions militaires à un problème politique. Il va de soi que l’instauration de la paix dans les Grands Lacs ne passera pas par la force. La paix dépend d’un processus politique, d’une volonté politique et de solutions politiques », a t-il ajouté.

Robert Wood a également souligné le soutien de son pays à la mission onusienne.

« La MONUSCO reste essentielle pour ramener la paix dans l’est de la RDC et dans la région au sens large, et elle mérite notre soutien total et sans équivoque. Elle aussi a subi des pertes au fur et à mesure de la dégradation de la situation en matière de sécurité, avec notamment la mort d’un Casque bleu pakistanais le mois dernier dans une attaque odieuse. Je présente mes condoléances à la mission, au Pakistan et à la famille du Casque bleu ».

Et d’ajouter: « La rhétorique anti- MONUSCO augmente le risque déjà important pour les Casques bleus. Nous sommes donc préoccupés par les appels à son retrait immédiat et nous exhortons la RDC à travailler avec la MONUSCO en vue d’un retrait progressif, responsable et conditionnel, guidé par les critères du plan de transition conjoint. Personne ne plaide en faveur d’une présence permanente de la MONUSCO en RDC. Mais elle sert un objectif important qui rejoint les intérêts de la région des Grands Lacs dans son ensemble : protéger les civils, perturber les réseaux illicites et contribuer à stabiliser les institutions de gouvernance et de sécurité ».

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