M23 : c'est sur demande de Museveni que la délégation congolaise conduite par Gisaro s'est rendue à Kampala, Kinshasa s'en tient au processus de Nairobi (Muyaya)

Patrick Muyaya
Patrick Muyaya

Le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya s'est exprimé lundi 18 au sujet de la récente délégation dépêchée par Kinshasa à Kampala pour rencontrer le président Yoweri Museveni dans le cadre des actions diplomatiques que mène le gouvernement en vue de trouver de solution au conflit déclenché par les rebelles de M23 dans l'est du pays. L'envoie de cette délégation conduite par le ministre d'Etat Alexis Gisaro a été critiquée au sein de l'opinion congolaise. 

Lors d'une conférence de presse, M. Muyaya a expliqué que c'est sur demande de Museveni que la délégation est allée à Kampala.

"Lorsque nous sommes partis à Luanda avec le Président de la République, je pense 48 heures plutôt que le Président Museveni a contacté le Président Félix Tshisekedi pour lui demander d'envoyer une délégation pour échanger avec lui sur la situation à l'Est et pour que ce dernier nous propose ses pistes de solutions. L'initiative d'aller à Kampala n'est pas une initiative qui est venue de Kinshasa. Donc le Président Tshisekedi, pris d'abord par les discussions que nous devions avoir autour du Président Joao Lourenço avec la partie Rwandaise, y a délégué le ministre d'État, ministre des Infrastructures et Travaux Publics. Pourquoi ? Parce que c'est avec lui que nous étions il y a quelques mois au niveau de Pondwe en Ouganda et à Bunagana chez nous pour le lancement des travaux de la construction de la route", a indiqué Patrick Muyaya.

M. Gisaro était accompagné notamment du chef de la maison militaire du Chef de l'Etat le général Franck Ntumba, le général Rubasira Obed et le Directeur Général de la DGM. Dans son discours inaugural, l’émissaire de Félix Tshisekedi a été clair sur l’attente de Kinshasa: « Nous considérons que ce groupe a des soutiens étrangers. Notre présence se justifie par le fait que nous sommes conscients de votre influence dans la sous-région. Nous sommes convaincus qu’il est difficile qu’une solution soit trouvée en dehors de vous. Nous sommes là pour discuter avec vous sur les pistes de solutions ».

Les réponses de M. Museveni n’ont pas été aussi claires: « Nous avons été en guerre pendant longtemps, 50 ans, ici en Ouganda et dans les pays voisins. Si tu veux gagner, tu dois faire une guerre juste. Avant de se mêler dans un conflit, souvent les guerres viennent de la politique. Ou bien vous utilisez la paix, le dialogue ou la guerre », a-t-il d’abord expliqué.

Pour lui, la solution passe par un cessez-le-feu: « On peut trouver une solution. Il faut voir aussi notre longue expérience. Ma proposition, c’est de trouver une solution complète, mettre un cessez-le-feu en place, pas de combat, les kenyans vont venir et on va trouver une solution ». 

La perception de la crise n’est pas la même entre Tshisekedi et Museveni. Le président congolais ne souhaite pas engager des discussions directes avec le M23 qu’il considère comme un groupe terroriste alors que Museveni semble privilégier la méthode politique, le dialogue. Une position qui n’est pas très éloignée de celle défendue par Paul Kagame. Mais Kinshasa dit s'en tenir au processus de Nairobi pour résoudre la crise. 

"Nous le principe c'est ce qui a été dit à Nairobi, il faut que le M23 et tous ses supports retournent aux positions initiales, nous, on a pas besoin de singulariser une quelconque forme des négociations, des discussions avec un groupe armé parce que nous avons commencé un processus politique à Nairobi qui implique tous les groupes armés, c'est en ce moment là qu'un groupe se retirait pour faire ce qu'il fait et donc pour nous quelque soit ce qui va nous être dit notre position elle ne change pas, il faut quitter Bunagana parce que nous avons convenu d'un cessez-le-feu à Luanda et donc pour le moment nous nous en tenons à cela et quoi que l'on dise avant toute progression, il faut que le M23 et les supplétifs qui le soutiennent quittent Bunagana", a souligné le porte-parole du gouvernement.

La RDC accuse toujours le Rwanda de soutenir la rébellion du M23 qui contrôle plusieurs villages ainsi que la cité frontalière de Bunagana dans la territoire de Rutshuru. Le président angolais Joao Lourenço qui a offert sa médiation avait convoqué Felix Tshisekedi et Paul Kagame afin de tenter de trouver une solution à la crise. Malgré le cessez-le-feu décrété, les combats s'étaient poursuivis entre les deux sur le terrain avant une accalmie précaire ces derniers jours. 

Clément Muamba