RDC-Tolérance zéro immédiate : « relancer, sensibiliser, communiquer », en provinces, des ONGs dressent des recommandations  

Photo/Droits tiers
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 Ce 04 juillet, des organisations de la société civile basées dans les provinces du Kasaï, Kasaï Oriental, Tanganyika, Tshopo, Kikwit, Haut Lomami, contactées par le DeskFemme ont dressés un état des lieux de la mise en œuvre de la campagne Tolérance zéro immédiate contre les violences sexuelles et basées sur le genre.


"Personnellement, je ne suis pas informée de la mise en œuvre de cette campagne dans notre région. L'information et toutes les actions en lien avec cette campagne devraient normalement passer par la coordination du groupe opérationnel Violences Basées sur le genre ici en province. Mais cela n'a pas été fait. Nous n'en sommes pas informés", dit Julie Ochano, vice-présidente du Réseau des Femmes pour le développement du Kasaï, l'une des organisations qui avaient milité et obtenu l'ouverture d’une enquête judiciaire sur la pollution des eaux à Tshikapa. 


Rose Mbuyi coordonne les organisations de la société civile au Kasaï Oriental. Elle souligne également « n’avoir jamais entendu parler d’une campagne nationale contre les VBG au Kasaï ». Ce point de vue est le même pour le point focal du mouvement Rien Sans les Femmes (RSLF) au Tanganyika ou celui du Cadre permanent de concertation de la femme congolaise (CAFCO) à Kikwit. 


Basées dans la province de la Tshopo (ancien Kisangani) et de l’Equateur, Nellas Bauma et Claudine Biongo, Présidente du cadre permanent de concertation de la femme congolaise (Cafco) et coordonnatrice de l’ONG Mama na nzela ya Développement (MND) font l’exception.


« J’ai vu cela à la RTNC, Radio Okapi et sur les réseaux sociaux depuis plus de trois mois. Au niveau de la province je n’ai vu aucune activité en lien avec cette activité. J’aurais souhaité que cette campagne soit menée en langues nationales notamment pour permettre à toutes les couches sociales d’être atteintes », a dit Nellas Bauma.   


A Claudine Biongo de renchérir depuis la ville de Mbandaka, « J’ai appris que la campagne a été lancée à travers la division provinciale du genre et l’UNICEF. En termes d'activités, nous avons fait une formation sur les VBG et la protection contre les abus sexuels appuyée par l’UNICEF et OXFAM. Nous poursuivons avec les séances de sensibilisation au niveau des communautés de base».  


Des recommandations 


Dans le haut Lomami, plusieurs activités ont été perturbé par l’instabilité politique qui sévit dans la province.

« La campagne n’a pas encore démarré faute des partenaires disponibles pour accompagner sa mise en œuvre mais aussi par l’instabilité du gouvernement. Nous procédons ce lundi à la cérémonie de remise et reprise du gouvernement. Nous pourrons ainsi lancer des activités allant dans ce sens. Nous allons demander au gouvernement de faire en sorte que le Haut-Lomami puisse participer activement à cette campagne et mettre les moyens qu’il faut afin d'inclure cela dans le programme d’action du gouvernement central », a dit Emmanuel Maloba , secrétaire administratif, soutenu par Béatrice Ilunga Chef de la division provinciale du genre à Kamina.  
 « Nous enregistrons de nombreux cas de violences sexuelles et celles basées sur le genre en milieu scolaire, professionnel. Mais nous plaidons pour une lutte efficace contre l’impunité. Les auteurs de ces actes sont souvent arrêtés puis relâchés par la justice. Ce qui décourage les victimes à entamer une action judiciaire (…) Nous souhaitons que cette campagne soit lancée et menée à Kikwit pour promouvoir les droits des femmes », suggère Caroline Kikala, représentante de Cafco.


Blanche Lugoma , point focal de Rslf a également ajouté depuis Kalemie, chef-lieu de la province du Tanganyika, « Peut-être que nous n’avons pas été associés aux activités par l’organisation qui exécute cette campagne au niveau de la province. Cependant nous n’avons vu aucun panneau publicitaire, aucune pancarte, rien qui fasse allusion à cette campagne dans notre province. Il va falloir améliorer la communication autour de cette campagne, vulgariser les textes des lois en RDC sur les violences basées sur le genre, sensibiliser les femmes à connaître leurs droits » 


Par ailleurs, Julie Ochano a proposé d’élargir la campagne aux personnes vivant avec le VIH Sida dans la province du Kasaï. La campagne Tolérance zéro immédiate contre les VSBG a été lancée en juin 2021 en RDC, soit dix années après la signature de la déclaration de Kampala.